Pourquoi les héritiers de Roald Dahl ont changé ces mots jugés offensants dans certains livres

Pour s’adapter à son époque et ses lecteurs, la compagnie en charge des droits des œuvres de Roald Dahl a apporté de légères modifications dans les romans de l’auteur britannique.
Neil Hall / REUTERS Pour s’adapter à son époque et ses lecteurs, la compagnie en charge des droits des œuvres de Roald Dahl a apporté de légères modifications dans les romans de l’auteur britannique.

LITTÉRATURE - Des changements, pour le mieux ? L’œuvre de l’écrivain Roald Dahl évolue, même 33 ans après sa disparition, c’est ce que rapporte ce dimanche 19 février le Daily Telegraph, après que la maison d’édition Puffin a pris la décision de faire modifier certains passages de son œuvre.

Désormais, quand un jeune lecteur ou une jeune lectrice ouvrira un exemplaire de Charlie et la Chocolaterie, le gourmand personnage qu’est Augustus Gloop ne sera plus décrit comme « gros », mais simplement comme quelqu’un d’« énorme ». Même chose pour le roman Les Deux Gredins où Commère Gredin n’est plus « laide et bestiale » mais seulement « bête ».

Un désir de réécriture justifié par l’utilisation de certains termes de description physique pouvant heurter les lecteurs les plus sensibles. L’idée étant que les livres du romancier britannique « puissent continuer à être appréciés par tous aujourd’hui » défend l’éditeur.

« Notre principe directeur tout au long a été de maintenir les intrigues, les personnages, l’irrévérence et l’esprit tranchant du texte original. Tous les changements apportés ont été minimes et soigneusement étudiés », assure par ailleurs la Roald Dahl Story Company, en charge de la gestion des droits des histoires et des personnages de l’auteur.

Les mots « gros » et « laid » sont donc devenus persona non grata dans les nouvelles éditions des ouvrages de l’auteur, lorsqu’il s’agit de descriptions physiques blessantes ou d’expressions sexistes notamment.

Un processus habituel

Concrètement, des centaines de modifications ont donc été apportées aux écrits de Roald Dahl, mais des ajouts ont également été faits. Le Guardian cite notamment l’exemple tiré du célèbre livre Sacrées Sorcières, où un passage décrit les sorcières comme des êtres chauves sous leurs perruques.

En lisant le passage dans la nouvelle édition, on peut désormais lire la phrase suivante : « Il y a beaucoup d’autres raisons pour lesquelles les femmes pourraient porter des perruques et il n’y a certainement rien de mal à cela ».

Et parmi les autres exemples cités, on retrouve encore Charlie et la Chocolaterie, où les Oompa Loompas ne sont plus des « petits hommes » mais de « petites personnes » alors que James et la Pêche géante perd ses « hommes-nuages », au profit du « peuple nuage ».

Les fameux Oompa Loompas de Charlie et la Chocolaterie, dans le film éponyme sorti en 1971, avec Gene Wilder dans le rôle titre.
Warner Bros. Les fameux Oompa Loompas de Charlie et la Chocolaterie, dans le film éponyme sorti en 1971, avec Gene Wilder dans le rôle titre.

Pour réaliser ce travail de fourmi au sein des œuvres de l’auteur, l’éditeur Puffin et la Roald Dahl Story Company se sont offert les services de lecteurs attentifs, dont le collectif Inclusive Minds décrit comme « un collectif de personnes passionnées par l’inclusion et l’accessibilité dans la littérature pour enfants ».

Invitée à s’expliquer sur ce choix éditorial de fond, la Roald Dahl Story Company explique que ce processus est loin d’être une révolution pour des livres écrits depuis un certain temps. « Il n’est pas inhabituel de revoir le langage utilisé parallèlement à la mise à jour d’autres détails, notamment la couverture et la mise en page d’un livre », explique la société.

D’ailleurs, par souci de transparence, un avis de l’éditeur a été ajouté à l’intérieur des livres modifiés pour prévenir des changements : « Les mots merveilleux de Roald Dahl peuvent vous transporter dans des mondes différents et vous présenter les personnages les plus merveilleux. Ce livre a été écrit il y a de nombreuses années, et nous révisons donc régulièrement le langage pour nous assurer qu’il peut continuer à être apprécié par tous aujourd’hui ». Lectrices et lecteurs passionnés par l’univers drôle et fantastique de Roald Dahl sont désormais prévenus.

À voir également sur Le HuffPost :

Lire aussi