Pourquoi le film "Buzz l'éclair" va surprendre les fans de "Toy Story"

Le film
Le film

Pixar n'est jamais là où on l'attend et le prouve une fois de plus avec Buzz l'éclair, étonnant spin-off de Toy Story qui ne raconte pas l'histoire du célèbre jouet d'Andy, mais de l'astronaute qui l'a inspiré. Une idée qui permet de contourner la contrainte de réaliser des suites à n'en plus finir de la lucrative franchise de Pixar.

En salles le 17 juin, Buzz l'éclair est avant tout un récit méta. Comme l'indique un carton avant le générique, il s'agit du film préféré d'Andy, le héros de Toy Story. C'est en découvrant ce film qu'il s'est pris de passion pour Buzz, reçu en cadeau au début du premier Toy Story - au grand dam de Woody, qui se sent menacé par ce nouveau jouet mieux designé et plus cool que lui.

Ce nouveau film Buzz l'éclair prouve surtout que la jalousie de Woody à l'égard du Ranger de l'espace n'était pas totalement infondée. Près de trente ans après la sortie de Toy Story, Buzz l'éclair est réellement devenu le véritable héros de la franchise. Très populaire, le personnage est décliné sur tous les produits dérivés et inspire des déguisements de millions d'enfants.

"Je n'y avais pas pensé sous cet angle-là, mais vous avez raison. Tout est parti du fait qu'on adore Buzz et qu'on adore les films dans l'espace", explique à BFMTV Angus MacLane, le réalisateur de Buzz l'éclair. "C'est vrai que Woody n'a pas eu le droit à son propre film. Je vais vous dire un truc: Woody n'est pas trop mal, mais je trouve que c'est vraiment un jouet bizarre. Ses genoux m'angoissent terriblement!"

Pas un film léger

Et le réalisateur d'ajouter, plus sérieusement: "On a essayé de penser au film indépendamment de Toy Story. On voulait évidemment que le public puisse y retrouver des éléments de la personnalité de Buzz, mais c'est avant tout une pure histoire d'aventures. On ne voulait pas juste faire un film léger. C'est ce qu'on avait déjà fait avec les Toy Story."

L'action de Buzz l'éclair se déroule sur plusieurs décennies. Après s’être échoué avec sa commandante et son équipage sur une planète hostile située à 4,2 millions d’années-lumière de la Terre, Buzz l’Eclair tente de ramener tout ce petit monde sain et sauf à la maison. Il multiplie alors les essais avec des avions expérimentaux, mais à chaque test, le monde a vieilli de quatre ans...

"On a eu cette idée en s'appuyant sur ce que l'on ressent lorsqu'on a terminé un film d'animation. Cela nous prend environ quatre ans et quand on en sort, on se demande toujours où on est et on redécouvre le monde. C'est pour cette raison que Buzz perd quatre ans à chaque essai", détaille Angus MacLane.

Pas de fan service

L'une des grandes qualités de Buzz l'éclair est de ne jamais tomber dans l'éceuil du fan-service et de ne faire aucune référence explicite à Toy Story. Le film joue au contraire avec un subtil sentiment de déjà vu en reproduisant très brièvement dans certaines scènes clefs des gestes de Buzz et des ambiances graphiques et sonores de la scène d'ouverture de Toy Story 2.

"Il se trouve que j'ai animé une bonne partie de cette séquence", glisse Angus MacLane. "On a reproduit volontairement quelques plans très précis dans Buzz l'éclair, mais le reste est complètement inédit. On aurait pu se contenter de refaire ce qu'on a fait au début de Toy Story 2, mais comme on l'a déjà fait, quel en aurait été l'intérêt?"

Angus MacLane confie d'ailleurs avoir été davantage inspiré par les célèbres animes Gundam et Macross, deux monuments du mecha, sous-genre de la SF qui met en scène des personnages utilisant des armures robotisées. Le réalisateur a également revu et corrigé la tenue de Buzz avec ces références en tête - tout en lui offrant un nombre de gadgets limités pour éviter que tout soit trop facile pour lui. "Je lui ai retiré ses ailes parce que je voulais qu'il souffre un peu au cours de l'aventure."

"C'est plus effrayant si on ne voit rien"

Angus MacLane joue aussi avec les attentes du public en ne montrant pas complètement Zurg, le grand ennemi de Buzz, avant la moitié du film. Un choix de mise en scène pour rendre ce personnage encore plus inquiétant. "On ne montre jamais le requin, comme dans Les Dents de la mer! C'est plus effrayant si on ne voit rien." Résultat, le personnage en impose bien plus que dans Toy Story 2.

Pour toutes ces raisons, le film désarçonne de nombreux fans, qui s'attendaient à y retrouver notamment les fameux petits extraterrestres verts de Toy Story. "Ils ne peuvent pas être dans le film, puisque ce sont des produits dérivés de Pizza Planet [chaîne de restaurant fictive des films Pixar, NDLR]", s'exclame Angus MacLane.

Et le réalisateur de conclure, un brin dépité: "On nous demande sans cesse si tel ou tel personnage de Toy Story sera présent dans le film. Je réponds que non, puisque ce n'est pas le même univers! C'est le principe même du film. Mais personne ne semble être en mesure de comprendre ce concept. C'est un véritable casse-tête."

Article original publié sur BFMTV.com