Pourquoi Emmanuel Macron a choisi Glières et Izieu pour lancer les commémorations des 80 ans de la Libération

Le président de la République est attendu ce dimanche 7 avril dans deux lieux symboliques de l’histoire de la Résistance puis de la Libération.

Après la Résistance, le temps de la Libération. Le président de la République Emmanuel Macron se lance ce dimanche 7 avril dans les premières commémorations des 80 ans de la Libération. Le chef de l’État est attendu en Haute-Savoie, non loin du plateau des Glières, et dans l’Ain, à la Maison d’Izieu.

Accompagné de la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et du ministre des Armées Sébastien Lecornu, le président de la République participe à partir de 12h à une cérémonie à la nécropole de Morette, près du village de Thônes, où reposent 105 résistants. Le chef de l’État y prononcera un discours avant de se rendre à une centaine de kilomètres de là, à la Maison d’Izieu, où 44 enfants juifs âgés de 4 à 12 ans furent raflés par la Gestapo en avril 1944.

« Ce premier déplacement ouvre le cycle de la renaissance du pays dans le cadre de ce que furent les combats pour la Libération du territoire français, à la fois contre l’occupant nazi mais aussi le gouvernement de Vichy », détaille l’Élysée.

À Glières, « vivre libre ou mourir »

C’est la deuxième fois qu’Emmanuel Macron se rend aux Glières après un premier déplacement très médiatisé, en compagnie de l’ex-président Nicolas Sarkozy en 2019 pour le 75e anniversaire des combats autour du plateau. « C’est un lieu particulier de la mémoire de la Résistance qui a tant fait pour la Libération du pays », fait valoir un conseiller présidentiel.

De janvier à mars 1944, 465 maquisards se regroupèrent aux Glières pour recevoir des parachutages d’armes des Alliés, dans la perspective du Débarquement de Provence (août 1944). L’armée allemande décida d’attaquer ce maquis, encadré par des militaires d’active et placé sous la devise « Vivre libre ou mourir », à la fin mars 1944. Les deux tiers des maquisards furent faits prisonniers et 124 tués lors des combats ou fusillés, neuf disparurent et 16 mourront en déportation.

Cette nouvelle cérémonie doit permettre de rendre hommage à « la diversité des combattants, Français de naissance et de préférence qui se sont battus contre le nazisme », fait valoir l’Élysée, en évoquant des profils de montagnards de la région comme militants antifranquistes. Le plateau des Glières représente aussi « une part d’ombre dans notre histoire », celle « d’une France qui ne s’aime pas », souligne l’Élysée en référence à la participation « importante » de Français aux côtés des Allemands contre les maquisards.

Après le drame d’Izieu, la « justice rendue » 40 ans plus tard

Dans l’après-midi, Emmanuel Macron est attendu à Izieu à partir de 15h15. Entre mai 1943 et avril 1944, la colonie d’Izieu, fondée par Sabine Zlatin, résistante juive d’origine polonaise, et son époux Miron Zlatin, qui avait fui la Révolution russe, a accueilli une centaine d’enfants, parfois pour quelques semaines. Mais le 6 avril 1944, une quarantaine d’entre eux et sept éducateurs sont raflés par la Gestapo de Lyon sur ordre de Klaus Barbie. Tous furent déportés dans les camps d’Auschwitz-Birkenau (Pologne) et de Reval (Estonie). Seule une éducatrice a survécu.

Longtemps oubliée parmi les drames de l’occupation nazie, l’histoire des enfants d’Izieu a été remise en avant par l’historien Serge Klarsfeld, auteur du livre Les Enfants d’Izieu, une tragédie juive (1984). L’avocat, qui a consacré une partie de sa vie à la traque de Klaus Barbie, a ensuite fait de ce drame l’un des éléments d’accusation déterminant lors du procès de l’officier nazi en fournissant une preuve déterminante de son implication dans l’arrestation et la déportation de ces enfants.

L’histoire de la Maison d’Izieu, « c’est, d’une certaine façon, l’histoire de la justice qui est rendue », avance l’Élysée. « Après que l’indicible a été commis, la République est revenue à elle-même, les institutions se sont reconstruites et la justice a été rendue au nom du peuple français et dans un contexte démocratique », ajoute-t-on de même source.

Après un moment de recueillement devant la plaque commémorative, le chef de l’État échangera avec les familles des victimes et d’anciens enfants de la colonie.

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