Pourquoi la diffusion du massacre du Hamas à l’Assemblée nationale ne fait pas l’unanimité

Façade de l’Assemblée nationale, où sera bientôt diffusé des images du massacre commis par le Hamas le 7 octobre, compilées par Israël
SOPA Images / SOPA Images/LightRocket via Gett Façade de l’Assemblée nationale, où sera bientôt diffusé des images du massacre commis par le Hamas le 7 octobre, compilées par Israël

POLITIQUE - L’horreur de l’attaque terroriste commise par le Hamas le 7 octobre en Israël est connue. Le contenu des images des atrocités compilées par l’État hébreu et diffusé à la presse également. Pour autant, le député Renaissance Mathieu Lefèvre, président du groupe d’amitié France-Israël, est à l’initiative d’une projection de ces images insoutenables organisée mardi 14 novembre à l’Assemblée nationale quelques jours après une diffusion organisée pour quelques journalistes français à l’ambassade d’Israël mardi 7 novembre. Les 120 députés qui composent ce groupe d’amitié sont invités.

« C’est indispensable de pouvoir continuer à témoigner de la barbarie, continuer à pouvoir dire l’indicible pour que ces événements terroristes, absolument atroces, ne soient pas balayés par l’actualité et c’est aussi le rôle des parlementaires et singulièrement des parlementaires du groupe d’amitié France-Israël », justifie auprès de franceinfo le parlementaire macroniste, qui s’était rendu sur place courant octobre.

Or, tous ne partagent pas cet avis. Député Renaissance des Côtes-d’Armor, Éric Bothorel (par ailleurs spécialiste des images violentes produites dans un cadre terroriste) a exprimé à haute voix son désaccord. « Ce n’est pas une bonne idée », a-t-il prévenu sur le réseau social X. Auprès du HuffPost, l’élu breton rappelle qu’une bonne partie de ces images, tournées par les terroristes, servent la propagande du Hamas. Celles-ci sont par ailleurs toutes disponibles en ligne.

« Cela ne va rien changer »

« Ce film fait partie du “package” de l’attaque du 7 octobre, qui vise précisément à terroriser les populations. Quelque part, ça donne de la notoriété à leur action, et à la fin, ça ne va rien changer aux positions des uns et des autres sur le conflit », développe Éric Bothorel, qui considère que ces images doivent passer « par le filtre des historiens et des journalistes, qui en recontextualisent le contenu ». Cette ligne de conduite, consistant à ne pas diffuser les images produites par les assaillants, est habituellement celle des démocraties frappées par le terrorisme.

« Je n’ai pas le souvenir que la Nouvelle-Zélande ait jugé utile de diffuser les images faites par le terroriste de Christchurch. Ou qu’on ait décidé de faire un montage avec la fosse du Bataclan, la décapitation de Samuel Paty ou les attaques filmées de Mohammed Merah », poursuit le parlementaire, estimant que ses collègues n’ont pas besoin de voir des images « dont on ne ressort pas indemnes » pour comprendre l’horreur qui s’est abattue sur Israël le 7 octobre.

Au-delà de la question de la préservation de la dignité des victimes, se pose aussi celle du cadre dans lequel ces images sont diffusées. Pour Éric Bothorel, ces images montées par Israël « polarisent davantage les positions et s’inscrivent dans une logique guerrière », puisque l’horreur qui y est renseignée (même si elle représente seulement 10 % des atrocités commises) peut conduire à approuver sans réserve la réponse militaire d’Israël.

Ce dont Mathieu Lefèvre se défend. « Il ne s’agit en aucun cas par cette initiative de justifier quelque forme de réplique que ce soit, de justifier la politique d’Israël et la réplique qu’il mène à l’heure actuelle, les deux choses sont décorrélées », assure-t-il auprès de franceinfo, jurant qu’il est seulement question de lutter contre l’oubli. Comme si la diffusion d’images macabres largement documentées dans la presse internationale et auprès de moins de 20 % de la représentation nationale était déterminante dans l’objectif poursuivi.

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