Pourquoi la contestation du projet de l’autoroute A69 inquiète les autorités ?

Mobilisation des opposants à l'autoroute A 69 le 23 octobre 2022. (Photo by Charly TRIBALLEAU / AFP)
Mobilisation des opposants à l'autoroute A 69 le 23 octobre 2022. (Photo by Charly TRIBALLEAU / AFP)

Les autorités redoutent une mobilisation les 22 et 23 avril prochain qui prendrait la même forme que les protestations contre les méga-bassines.

"Saison 5, acte 2". C'est l'appel lancé par le mouvement les Soulèvements de la Terre, que Gérald Darmanin veut dissoudre, pour les 22 et 23 avril prochain dans le département du Tarn pour une opération nommée "Sortie de route". Dans le viseur du mouvement écologiste, un projet de contournement autoroutier qui pourrait devenir le prochain lieu symbolique de lutte pour les militants écologistes.

L'autoroute A 69 doit voir le jour entre Toulouse et Castres. Un tronçon de 54 kilomètres censé faire économiser entre 12 et 35 minutes de temps de trajet, selon qu'on défende ou qu'on s'oppose au projet.

Des manifestants attachés aux arbres pour bloquer le chantier

Car l'A69 cristallise les tensions depuis des années. Le projet, dans les cartons depuis près de 30 ans, se concrétise ces derniers mois avec le feu vert des deux préfectures concernées. Sauf que sur le tracé, les opposants s'organisent pour empêcher les travaux, via le collectif citoyen La Voie est libre, qui dénonce "la destruction des terres et des espaces naturels au service d'une autoroute inutile et d’une politique du tout voiture qui n’est plus d’actualité" et défend l'aménagement de la route nationale déjà existante reliant les deux villes.

Certains s'installent en haut des arbres destinés à être abattus comme Thomas Brail du Groupe national de surveillance des arbres (GNSA), qui a passé plusieurs jours au sommet de platanes pour empêcher leur abattage.

Autre forme de mobilisation, l'occupation et le blocage d'engins de chantier pour empêcher là aussi l'abattage des arbres sur le tracé prévu.

Des voitures incendiées, une maison occupée

Mais depuis le début des travaux, la mobilisation contre le projet semble être plus radicale. En décembre, une pelleteuse utilisée pour les fouilles archéologiques a été dégradée sur le chantier de la future autoroute A69. En février, les militants écologistes du collectif Extinction Rébellion Toulouse ont occupé une maison rachetée par la société Atosca et promise à la destruction, et des voitures d'une entreprise intervenant sur le chantier ont été incendiées. Un acte revendiqué par les opposants au projet autoroutier.

La manifestation des 22 et 23 avril est organisée par le collectif citoyen La Voie est Libre, en collaboration avec "Les Soulèvements de la Terre". "Il y aura une grande manifestation, et un évènement festif, sur un lieu privé", assure un membre du collectif citoyen à France 3. Un programme qui rappelle l'organisation de la manifestation contre les méga bassines, à Sainte-Soline.

La crainte d'une Sainte-Soline bis

C'est la participation des Soulèvements de la Terre qui inquiète les autorités. Le collectif de militants écologiste, créé en 2021, s'est fait connaître par ses actions radicales ces dernières années, notamment la manifestation de Sainte-Soline contre les mégabassines, qui a donné lieu à des affrontements.

Des heurts qui ont incité Gérald Darmanin a exprimer sa volonté de dissoudre le collectif : "Plusieurs exactions fortes contre les forces de l'ordre, plusieurs destructions de biens, des centaines de gendarmes ou de policiers blessés, plusieurs appels à l'insurrection, j’ai donc décidé d’engager la dissolution des "Soulèvements de la Terre", a déclaré le ministre de l'Intérieur à l'Assemblée.

La mort de Rémi Fraisse dans toutes les têtes

La crainte des autorités, c'est donc un Sainte-Soline bis. "L’échec enregistré pourraient constituer le terreau d’une radicalisation encore plus importante", redoute une note de la gendarmerie dévoilée par France Inter suite aux affrontements de Sainte-Soline qui ont plongé deux manifestants dans le coma et dont l'un est entre la vie et la mort.

D'autant que le tracé de la future autoroute A69 passe par le Tarn, département où la ZAD de Sivens reste dans toutes les mémoires. Le projet de barrage de Sivens avait finalement été abandonné après le décès de Rémi Fraisse, un militant écologiste de 21 ans, lors d'affrontements avec les forces de l'ordre, en 2014.

VIDÉO - Méga-bassines à Sainte-Soline : pourquoi ce site est-il au coeur des tensions ?