Pourquoi les agriculteurs d’Occitanie veulent bloquer les autoroutes jusqu’à la fin du week-end

Les agriculteurs ont annoncé ce vendredi 19 janvier un blocus « illimité » de l’autoroute A64 qui relie Toulouse et Bayonne. (photo d’illustration)
JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP Les agriculteurs ont annoncé ce vendredi 19 janvier un blocus « illimité » de l’autoroute A64 qui relie Toulouse et Bayonne. (photo d’illustration)

AGRICULTURE - Mur de bottes de paille, nuits dehors, autoroutes bloquées… Mardi, 1 000 agriculteurs s’étaient rassemblés avec 400 tracteurs à Toulouse. Jeudi, ils ont bloqué la RN20 en Ariège et l’A64, qui relie Toulouse à Bayonne. Ce vendredi 19 janvier, après une nuit passée – pour nombre d’entre eux – dans un campement aménagé sur l’A64, ils sont toujours sur le pied de guerre et prêt à y rester jusqu’à la fin du week-end, ont-ils indiqué à France Bleu Occitanie.

Les agriculteurs mobilisés ont en effet annoncé un blocus « illimité » tant que le nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, ne les recevra pas. Le HuffPost fait le point sur leurs revendications et les blocages attendus.

• Covid des vaches, irrigation, taxe gazole…

Les syndicats FDSEA 31 et les Jeunes agriculteurs (JA31) réclament des avancées significatives sur leurs revendications, à savoir une réponse sur le stockage de l’eau dans le département, l’arrêt des restrictions d’irrigation, le déblocage de fonds promis par l’État concernant la maladie hémorragique épizootique (MHE, aussi appelé le « Covid des vaches »), ou encore une exonération de taxe gazole, ont-ils précisé dans un communiqué consulté par Actu Toulouse.

Éleveur de bovins, l’organisateur du blocus sur l’A64, Jérôme Bayle, a exprimé sa colère contre le gouvernement ce matin au micro d’Europe 1 : « [Que le Premier ministre vienne] avec le carnet de chèques et qu’il tienne ses engagements du ministre Monsieur Marc Fesneau qui avait dit qu’il aiderait les éleveurs pour la MHE et qu’il n’en laisserait aucun de côté. » Et d’ajouter : « Aujourd’hui, il y a des agriculteurs qui se suicident et l’État fait la sourde oreille, donc on va essayer de les réveiller ! »

• Mobilisation depuis mardi

Un premier coup de force a eu lieu mardi, où une centaine de paysans de Haute-Garonne avaient bloqué l’aéroport de Toulouse, mais aussi des points stratégiques dans le centre-ville comme l’Office français de la biodiversité (OFB). 200 agriculteurs du Vaucluse avaient, quant à eux, déversé « légumes, bois, centaines de litres de vin, fumier » devant la préfecture d’Avignon, rapporte Le Dauphiné Libéré.

Jeudi, les agriculteurs ont de nouveau mis la pression au gouvernement avec des manifestations et blocages d’envergures sur l’autoroute A64 au niveau de Carbonne (Haute-Garonne), au sud de la ville rose. Plus de 500 agriculteurs – 250 selon les chiffres de la préfecture cités par Ouest France ont passé toute la nuit sur la voie rapide.

• Campement de fortune

Comme vous pouvez le voir sur les images ci-dessous, les agriculteurs mobilisés ont installé des « sanitaires, des cuves d’eau et un générateur » pour cuisiner et camper pendant « plusieurs jours », ont-ils confié à nos confrères de France Bleu.

Luc Mesbah, secrétaire général de la FDSEA 31, décrit au micro de France 3 Occitanie une ambiance « apaisée » : « Ça se passe très bien, les agriculteurs sont respectueux des biens et des personnes, on va essayer de mettre en place une déviation de l’autoroute, il n’est pas question d’y avoir des dégradations. » Il estime également que le mouvement devrait « prendre de l’ampleur » dans les prochaines heures.

Des drones jusqu’à samedi

Au réveil, ce vendredi matin, les agriculteurs ont décidé d’ériger un mur avec des bottes de paille disposées « sur les deux côtés de la chaussée » pour bloquer l’A64 au niveau de Carbonne dans les deux sens, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessous.

D’autres barrages comme celui-ci ont bloqué temporairement la RN20 à hauteur de Pamiers (Ariège), à l’A61 à Castelnaudary (Aude) ou encore à l’A62 à Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), mais ont été levés dans la matinée.

Malgré l’apparente tranquillité du mouvement pour le moment, la préfecture de Haute-Garonne a autorisé les forces de l’ordre à faire usage de drones pour surveiller l’évolution de la situation sur l’A64. L’autorisation est prévue pour vendredi et samedi.

Avec ce dispositif, « les forces de sécurité pourront ainsi bénéficier d’une vision grand angle », afin de « pouvoir identifier et prévenir rapidement les risques de troubles à l’ordre public et d’atteintes à la sécurité des personnes et des biens. » Ce déploiement permet aussi, selon la préfecture, de « limiter l’exposition des forces au sol ».

Les manifestations qui se sont multipliées en France ces dernières semaines ne vont pas s’arrêter de sitôt. D’après les informations de l’Opinion, la FNSEA, syndicat majoritaire chez les agriculteurs, prévoit un mouvement de protestation national juste avant le Salon de l’agriculture qui se déroulera à Paris le 24 février prochain.

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