Pour Israël, l'Iran doit reconnaître son droit à exister

Au lendemain de la conclusion d'un accord-cadre à Lausanne, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré qu'un règlement définitif du contentieux sur le programme nucléaire de l'Iran devait l'obliger à reconnaître le droit à l'existence de l'Etat d'Israël. /Photo prise le 1er avril 2015/REUTERS/Debbie Hill/Pool

par Ori Lewis JERUSALEM (Reuters) - Un règlement définitif du contentieux sur le programme nucléaire de l'Iran doit l'obliger à reconnaître le droit à l'existence de l'Etat d'Israël, a déclaré Benjamin Netanyahu, au lendemain de la conclusion de l'accord de Lausanne. "Israël exige que tout accord définitif avec l'Iran comporte de sa part une reconnaissance claire et sans ambiguïté du droit à l'existence d'Israël", dit le Premier ministre dans un communiqué diffusé après une réunion extraordinaire de son "cabinet de sécurité". "Israël n'acceptera pas un accord qui permet à un pays décidé à nous détruire de se doter d'armes atomiques". Dans les heures qui ont suivi la conclusion de l'accord de Lausanne, censé conduire à un règlement définitif d'ici à la fin juin, Barack Obama a appelé Benjamin Netanyahu pour l'assurer qu'il s'agissait d'un pas important et d'une solution durable pour mettre la bombe atomique hors de portée de l'Iran. Le Premier ministre juge au contraire qu'il lui "ouvre la voie" de la maîtrise de l'atome à des fins militaires. "Cet accord légitimerait le programme nucléaire de l'Iran, renforcerait son économie et accentuerait les agressions et le terrorisme de l'Iran dans tout le Moyen-Orient et au-delà. Il accentuerait les risques de prolifération nucléaire dans la région et les risques d'une guerre atroce", s'indigne-t-il. Le Premier ministre avait déjà exprimé haut et fort son hostilité à toute autre option que le démantèlement total du programme iranien lors d'un discours prononcé début mars devant le Congrès américain. Ses déclarations avaient alors aggravé les tensions avec Barack Obama. "Cet accord ne sera pas un adieu aux armes, mais un adieu au contrôle des armes et un compte à rebours avant un potentiel cauchemar nucléaire", avait-il lancé. "L'ACTION MILITAIRE EST TOUJOURS SUR LA TABLE" L'Etat hébreu a fait savoir à plusieurs reprises qu'il n'hésiterait pas à envisager une action unilatérale pour empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique, un avertissement interprété comme une menace d'intervention militaire comparable à celle qui avait détruit le réacteur nucléaire irakien d'Osirak en 1981 ou au raid aérien de 2007 en Syrie contre un site suspect. Depuis un peu plus d'un an, les autorités israéliennes se sont gardées d'insister sur cette option mais le général Nimrod Scheffer, qui commande la direction de la planification de l'armée israélienne, a souligné vendredi dans les colonnes du quotidien Israël Hayom qu'elle restait envisageable. "L'option militaire a toujours été sur la table, comme nous l'avons toujours dit. Si elle n'a plus été mentionnée récemment dans les médias, cela ne reflète pas un changement de politique", prévient-il. Une intervention unilatérale d'Israël en Iran semble peu probable mais le gouvernement Netanyahu peut être tenté, sur le plan strictement diplomatique, de s'appuyer sur le Congrès américain, où le Parti républicain est majoritaire, pour faire pression sur l'administration démocrate de Barack Obama. "L'alternative consiste à rester fermer et à accroître la pression sur l'Iran jusqu'à l'obtention d'un meilleur accord", souligne le Premier ministre israélien dans son communiqué. "ERREUR HISTORIQUE" ET "CAPITULATION" A l'annonce de l'accord, jeudi soir, plusieurs responsables israéliens ont promis de continuer à se battre contre tout "mauvais" accord définitif. "Les sourires à Lausanne sont détachés de la triste réalité, en vertu de laquelle l'Iran refuse de faire quelque concession que ce soit sur le dossier nucléaire et continue de menacer Israël et tous les autres pays du Moyen-Orient", a déclaré le ministre israélien des Affaires stratégiques, Yuval Steinitz. "Nous poursuivrons nos efforts pour expliquer et pour convaincre le monde entier, dans l'espoir d'empêcher un mauvais accord (final)", a ajouté le ministre. Un deuxième responsable israélien a estimé que l'accord-cadre avec Téhéran était une "erreur historique" qui donne une légitimité internationale au programme nucléaire iranien, dont le seul objectif, a-t-il dit, est de fabriquer des bombes atomiques. Il équivaut à une "capitulation face aux exigences iraniennes", a ajouté ce responsable, qui s'est exprimé sous le sceau de l'anonymat. (avec Luke Baker et Dan Williams,; Eric Faye, Henri-Pierre André et Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Marc Angrand)