Quelle est la position de la France vis-à-vis de la Chine et Taïwan ?

Quelle est la position de la France vis-à-vis de la Chine et Taïwan ?

Les tensions entre la Chine et Taïwan atteignent de nouveaux niveaux depuis quelques jours. Quelle place occupe la France dans ce conflit? Dans une interview donnée à Libération, la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a rappelé la position officielle : "la France s'en tient à sa politique d'une seule Chine".

Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France insoumise, a suscité une polémique en tenant des propos similaires, suite à la visite de la présidente de la chambre des représentants des États-Unis Nancy Pelosi à Taïwan, affirmant qu'il n'y a "qu'une seule Chine". Dans un contexte de hausse des tensions avec la Chine, ce sujet suscite de vives réactions.

Une politique qui remonte à de Gaulle

Pour comprendre ce que signifie cette position, il faut revenir un peu en arrière. En 1964, Charles de Gaulle décide d'établir des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine. Il rompt ainsi les relations avec la République de Chine, réfugiée à Taïwan depuis le schisme entre communistes et nationalistes en 1949.

"Il considère qu'à terme, la Chine sera plus influente que Taïwan", explique pour BFMTV.com Antoine Bondaz, directeur du programme Taïwan sur la sécurité et la diplomatie. "Dans un contexte de Guerre froide, cette décision vise à obtenir des concessions de la part de la Chine", ajoute-t-il. C'est un raisonnement qui poussera l'ONU à reconnaître la République populaire au profit de Taïwan en 1971.

Cette "politique d'une seule Chine" est partagée par tous les États membres de l'ONU. La grande majorité reconnaît la Chine, et une quinzaine reconnaissent la souveraineté de Taïwan, mais jamais les deux en même temps. Par conséquent, ces quinze pays n'entretiennent pas de relations officielles avec Pékin: le Belize, le Guatemala, Haiti, le Vatican, le Honduras, les Îles Marshall, Nauru, le Nicaragua, les Palaos, le Paraguay, Sainte-Lucie, Saint-Christophe-et-Niévès, Saint-Vincent et les Grenadines, le Swaziland et Tuvalu.

Pour Antoine Bondaz, c'est à bien distinguer du "principe d'une seule Chine", la politique de Pékin qui vise à revendiquer le territoire de l'île.

Des relations continues malgré tout

Malgré l'absence d'ambassade, cela n'a pas empêché la France de maintenir d'autres types de relations avec Taipei. Que ce soit sur le plan culturel ou économique, les échanges sont nombreux. La France possède même deux "bureaux de représentation", le second ayant ouvert à Aix-en-Provence en 2020.

Dans le début des années 1990, la France a même livré au gouvernement taïwanais des armes extrêmement développées pour l'époque. La possibilité d'un nouvel accord de ce type en 2020 avait même conduit à un avertissement à la France de la part du porte-parole du gouvernement chinois, comme le rapportait par exemple La Croix.

"Le gouvernement français parle de plus en plus ouvertement de Taïwan. Deux résolutions au Sénat et à l'Assemblée ont mentionné la volonté d'une participation accrue de Taïwan dans les organisations internationales, quand leur statut le permet. Plus largement, au niveau de l'Union européenne ou du G7, on arrête d'invisibiliser Taïwan", détaille Antoine Bondaz à BFMTV.com.

Le directeur du programme Taïwan sur la sécurité et la diplomatie met aussi en garde sur l'instrumentalisation de cette visite par la Chine, qui n'est pas sans précédent. "Les taïwanais veulent maintenir le statu quo, ils n'attendent rien de particulier de la France ou des Etats-Unis", conclut-il.

Article original publié sur BFMTV.com