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Portugal : les grèves dont vous n'avez peut-être pas entendu parler

Portugal : les grèves dont vous n'avez peut-être pas entendu parler

Alors que la France fait face depuis des semaines à un mouvement social d'ampleur contre la réforme des retraites, le continent européen n'est pas épargné par les conflit sociaux . Au Portugal, plusieurs secteurs sont mobilisés . Dans les semaines à venir, d'autres mouvements sociaux sont prévus. Voici comment vous pourriez être affecté.

Grève dans le service portugais de l'immigration et des frontières (SEF)

Trois syndicats de travailleurs du Service de l'immigration et des frontières ont appelé à la grève du 5 au 10 avril. Pendant la période de Pâques, où des milliers d'étrangers se rendent au Portugal, le trafic de passagers dans les aéroports risque d'être compromis.

Ce mouvement social est motivé par une modification du fonctionnement du SEF voulue par le gouvernement d'António Costa, qui a publié cette nouvelle organisation dans le journal officiel portugais (Diário da República). Après cette réforme, le personnel sera réparti entre la police criminelle portugaise (PJ), l'Institut des registres et des notaires (IRN) et la future Agence portugaise pour la migration et l'asile (APMA). Mais il n'y a pas d'accord entre le gouvernement et les syndicats sur la manière de procéder pour mettre en place cette réforme. Les négociations durent depuis plusieurs mois et, selon les syndicats, le gouvernement n'a cédé que sur deux points, l'égalité des agents dans l'exercice de leurs fonctions aux postes frontières pendant leur affectation et le report des évaluations à 2024.

MIGUEL A. LOPES/LUSA
Passagers au terminal 1 de l'aéroport de Lisbonne lors d'une grève du service portugais de l'immigration et des frontière, le 26 août 2022 - MIGUEL A. LOPES/LUSA

Les négociations ne sont pas terminées, représentants des syndicats et du gouvernement doivent se retrouver le 3 avril.

Grève à TAP Air Portugal

Le syndicat des pilotes de l'aviation civile, ceux de la compagnie aérienne portugaise TAP Air Portugal, a appelé à une grève entre le 7 et le 10 avril. Cependant, le ministère des finances a approuvé un accord conclu entre la direction de la TAP et les pilotes, qui avait déjà reçu le feu vert du ministère de l'infrastructure, condition nécessaire pour que la grève soit annulée. L'organisation syndicale a déclaré qu'elle attendait une confirmation officielle pour suspendre la grève. Plus de 24 heures après l'annonce, il n'y avait toujours pas d'indication sur l'annulation du préavis.

L'accord signé entre le syndicat et l'exécutif portugais vise, entre autres, à mettre fin à l'intention de procéder à un licenciement collectif du personnel.

Grève dans le secteur ferroviaire

Toujours dans les transports, sept syndicats portugais du secteur ferroviaire ont lancé ce mardi de nouvelles grèves. Les trains ont été à l'arrêt entre 10h et 11h, heure de Lisbonne. Ces interruptions de travail, de courte durée, devraient durer jusqu'à la fin du mois d'avril. Elles concernent deux compagnies publiques (Infraestruturas de Portugal et Comboios de Portugal)

Une grève de 24 heures est toutefois prévues le 6 avril, si le gouvernement ne décrète pas un recours au service minimum. Le trafic des trains n'est pas le seul impacté par ce mouvement de grèves, les services gérant les voies et les rames le seront aussi, selon un communiqué des organisations syndicales.

ESTELA SILVA/LUSA
La grève du 27 février a entraîné d'importantes perturbations dans la circulation des trains, comme ici dans la gare de São Bento à Porto. - ESTELA SILVA/LUSA

Ces grèves auront une répercussion sur l'ensemble du pays. A titre de comparaison, en décembre 2022, une grève de 24 heures, où un service minimum avait été mis en place, a conduit à la suppression de plus de 700 liaisons ferroviaires sur les quelques 1 000 qui auraient dû être effectuées.

Grève des tribunaux

Le secteur de la justice est aussi touché par un mouvement de grève, lancé par le Syndicat des fonctionnaires du secteur. Plusieurs tribunaux ont été bloqués et ce mouvement a même entraîné une réaction de l'Ordre des avocats, qui s'estime lésé. Cette grève a commencé en juillet 2022 mais a été interrompue. Elle a repris le 10 janvier dernier, pour une durée indéterminée, tous les jours entre 13h30 et minuit.

Les fonctionnaires de la justice, ont, dans une lettre envoyée à l'Ordre des avocats l'année dernière, indiqué qu'ils étaient "obligés de s'arrêter" pour "repenser, dénoncer la situation, garantir les conditions de travail. Pour garantir une Justice équitable pour tous !".

Le 16 mars dernier, l'Union des huissiers de justice a lui aussi déclenché un grève qui devrait durer un mois. Plus de 21 000 procès ont déjà été reportés, Porto étant la région la plus touchée. Face à cette situation, le gouvernement, via la Direction générale de l'administration de la justice, à décréter le service minimum. Les huissiers demandent, entre autres, le dégel des carrières et la révision de l'échelle des salaires.

PAULO NOVAIS/LUSA
Archives : manifestation des huissiers en novembre 2018 à Coimbra, le 21 novembre 2018 - PAULO NOVAIS/LUSA

Le Conseil consultatif du bureau du procureur général a été invité à donner un "avis" sur l'illégalité de ces grèves. Cet organe a conclu à l'illégalité et à la possibilité de sanctions disciplinaires à l'encontre des professionnels. Néanmoins, les professionnels affirment qu'ils poursuivront la grève.

Grève des enseignants

En octobre 2022, les enseignants portugais ont entamé un mouvement de revendications avec des grèves portéespar neuf syndicats. Ce mardi, une autre grève commence, pendant les heures supplémentaires, ce qui affectera les évaluations finales. Les enseignants feront également grève la dernière heure de leur temps de travail quotidien.

PAULO NOVAIS/LUSA
Grève des enseignants le 2 mars 2023, à Coimbra - PAULO NOVAIS/LUSA

Entre le 17 avril et le 12 mai, des grèves seront organisées localement. Le 6 juin, une autre grève et une manifestation nationale des enseignants sont prévues.

Les syndicats demandent, entre autres, que "le nombre d'heures d'enseignement que les enseignants sont tenus de travailler soit effectivement respecté et que l'horaire hebdomadaire des enseignants soit effectivement de 35 heures et pas plus", comme l'indique le site web de la Fédération nationale des enseignants (FENPROF).