La « porte ouverte » de Marion Maréchal peut-elle (vraiment) être franchie par le RN et LR ?

Marion Maréchal invité des « 4 Vérités » sur France 2 ce mardi 12 septembre.
Capture France 2

POLITIQUE - C’est le mantra du parti fondé par Éric Zemmour. Pour dominer le jeu politique, les partis de la droite et de l’extrême droite (qui partagent plus que des idées) doivent nouer des alliances et mener des campagnes communes. Invitée ce mardi 12 septembre sur France 2, Marion Maréchal, tête de liste Reconquête ! pour les élections européennes, a répété son souhait de voir les différentes formations qui se situent à la droite d’Emmanuel Macron s’allier en juin prochain.

« La porte est ouverte », a-t-elle déclaré, invitant les responsables du Rassemblement national et des Républicains à prendre rendez-vous. « Si aujourd’hui Jordan Bardella a changé d’avis et a évolué (...), qu’il est prêt à travailler et à se mettre autour de la table avec des gens de LR comme François-Xavier Bellamy, Nadine Morano, Julien Aubert et autour de la table avec Reconquête, moi j’ai envie de dire ’allons-y, parlons-en’», a assuré l’ancienne députée FN du Vaucluse, par ailleurs nièce de Marine Le Pen.

« Trahisons »

L’appel, lancé en vain par Éric Zemmour lors des élections législatives de 2022, a-t-il cette fois des chances d’être entendu ? Rien n’est moins sûr. Car, en politique, le préalable d’une hypothétique alliance reste le respect d’un pacte de non-agression. Et c’est peu dire que les relations ne sont pas (du tout) au beau fixe entre les acteurs de tout ce petit monde, en témoignent d’ailleurs les railleries exprimées au RN après l’annonce de la candidature de Marion Maréchal.

L’intéressée ne fait, à vrai dire, pas grand-chose pour s’assurer l’oreille bienveillante de ses partenaires potentiels. Lors de l’université de Reconquête ! à Gréoux-les-Bains, la tête de liste a fustigé les « trahisons » des élus LR. « Alors qu’en France, ils assènent de manière péremptoire qu’il faut plus de contrôles aux frontières, à Bruxelles ils votent discrètement la répartition obligatoire des migrants partout en Europe », a lancé l’ex-députée FN, faisant huer la formation présidée par Éric Ciotti. On a connu main tendue plus amicale.

Du côté du RN, où on a encore en travers de la gorge les attaques régulières d’Éric Zemmour à l’encontre de Marine Le Pen durant la présidentielle, il est hors de question de céder d’un pouce et de laisser s’envoler les chances de voir le RN arriver en tête en juin prochain. Invité sur RTL ce mardi 12 septembre, Jordan Bardella a donc refermé illico la porte entrouverte par Marion Maréchal, tout en l’invitant à se ranger derrière lui. Car, lorsqu’on parle d’union en politique, l’attelage des wagons compte moins que la couleur de la locomotive.

« Est-ce qu’Éric Zemmour et Marion Maréchal ne devraient pas, plutôt que de se présenter contre nous, venir aider les patriotes à gagner les prochaines élections ? », a interrogé le président du RN, pointant le caractère « contre-productif » de la candidature de Reconquête !. « Marion ne s’attend pas à ce que Jordan réponde favorablement », décrypte auprès du HuffPost un cadre du parti zemmouriste, laissant entendre que Nadine Morano et François François-Xavier Bellamy seraient moins fermés à cette offre de service.

Apparaître au centre de l’équation

Mais alors, quel intérêt pour Reconquête ! de tendre des mains aux autres partis sans s’assurer qu’elles soient saisies ? La réponse tient en trois mots : union des droites. En forçant les autres formations à se positionner sur cette offre, Reconquête ! fait vivre son idée fondatrice tout en s’adressant directement à leurs électorats respectifs.

Le but : apparaître comme la solution naturelle de cette équation, puisqu’elle est censée se situer au carrefour des deux autres partis. Marion Maréchal ne dit pas autre chose : « le fondement même de notre engagement à Reconquête ! c’est de défendre depuis toujours cette coalition et cette alliance des différents partis et hommes de droite ». Éric Zemmour aime d’ailleurs citer cette phrase attribuée à Lénine : « Faites-leur avaler le mot, vous leur ferez avaler la chose ».

Un piège que l’état-major du RN, qui mise énormément sur le signal envoyé par une pole position aux Européennes en vue de 2027, compte bien déjouer. Depuis son fief d’Hénin-Beaumont, Marine Le Pen a promis d’annoncer lors de la rentrée du RN à Beaucaire une « proposition qui devrait réunir tous ceux qui sont attachés à leur nation et qui sont conscients que sans elle, il n’y a plus ni liberté, ni prospérité, ni identité, ni sécurité, ni progrès ».

Une façon de s’adresser à l’électorat LR et de Reconquête !, et de limiter autant que possible une déperdition des voix du bloc d’extrême droite qui empêcherait la liste RN de finir en tête aux élections européennes et ce, alors que le résultat de ce scrutin est censé servir de rampe de lancement à la candidature de Marine Le Pen en 2027. Cette guerre psychologique ne fait que commencer.

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