Dans un port du Maryland, une compétition de “créneaux de l’extrême”

Nous sommes dans la baie de Chesapeake, à la fin de l’été. Un bateau de pêche au crabe fait marche arrière avant de s’engager dans un passage très étroit, et de s’arrêter à quelques centimètres du quai.

À toute vitesse, le pilote se met alors à lancer des cordages autour de deux bittes d’amarrage. Lorsque son petit bateau est enfin garé, il saute de joie : il vient de remporter la course d’amarrage du Maryland.

Devenus aussi populaires que les tournois de tracteurs ou de rodéos, ces “créneaux de l’extrême” attirent les foules, raconte The New York Times.

Durant l’événement “Extreme Boat Docking” de Salisbury, dans le Maryland, le 9 septembre 2023. Cette compétition insolite fait la part belle aux business locaux : c’est une publicité pour une entreprise locale que l’on peut voir sur un bateau. . PHOTO KENT NISHIMURA/THE NEW YORK TIMES
Durant l’événement “Extreme Boat Docking” de Salisbury, dans le Maryland, le 9 septembre 2023. Cette compétition insolite fait la part belle aux business locaux : c’est une publicité pour une entreprise locale que l’on peut voir sur un bateau. . PHOTO KENT NISHIMURA/THE NEW YORK TIMES

Ces compétitions se déroulent chaque été dans une dizaine de villes du littoral entre le Maryland et la Virginie, sur la côte est. À Chesapeake, cela dure depuis 1971.

“du besoin irrépressible chez les marins-pêcheurs de tout transformer en compétition”, le boat docking leur permet de crâner un peu, s’amuse le quotidien new-yorkais, en prouvant leur dextérité lors de l’amarrage.

À l’époque, “le grand plateau de crabes en mue” était la seule récompense. Désormais, les gagnants peuvent prétendre à un pactole de plusieurs milliers de dollars en une seule journée.

Jake Jacobs, l’heureux capitaine du très rapide Outlaw, a même confié au New York Times qu’il pouvait gagner jusqu’à 10 000 dollars en une seule saison.

Jake Jacobs, l’un des participants, en pleine manœuvre à bord de son bateau, l’“Outlaw”, considéré comme le plus rapide de l’événement, le 9 septembre 2023. Jack Jacobs raconte qu’il déjà empoché 10 000 dollars en une seule saison.. PHOTO KENT NISHIMURA/THE NEW YORK TIMES
Jake Jacobs, l’un des participants, en pleine manœuvre à bord de son bateau, l’“Outlaw”, considéré comme le plus rapide de l’événement, le 9 septembre 2023. Jack Jacobs raconte qu’il déjà empoché 10 000 dollars en une seule saison.. PHOTO KENT NISHIMURA/THE NEW YORK TIMES

Souvent, l’argent provient des sponsors de ces engins, des entreprises d’aménagement paysager ou de construction, le plus souvent locales.

Même chose du côté du merchandising et de la vente : plutôt que de consommer des bières classiques, c’est l’Orange Crush, une boisson typique de la côte du Maryland, qui coule à flots.

Le New York Times s’amuse aussi des styles très locaux des pilotes : à St. Michaels, les polos teintes pastel s’accordent aux chassures de bateau, tandis qu’à Taylors Island, une autre ville du circuit, on se veut plus “country”, avec “casquettes des Baltimore Orioles et chaussures Crocs style camouflage”.

Avant de se lancer dans la compétition de “boat docking” du Maryland, le 9 septembre 2023, les participants écoutent religieusement l’hymne national. . PHOTO KENT NISHIMURA/THE NEW YORK TIMES
Avant de se lancer dans la compétition de “boat docking” du Maryland, le 9 septembre 2023, les participants écoutent religieusement l’hymne national. . PHOTO KENT NISHIMURA/THE NEW YORK TIMES

Pour les marins-pêcheurs de Chesapeake, cet événement est un vrai coup de pouce financier, autant qu’un soutien moral, pour inciter à poursuivre une activité en déclin. Le nombre de titulaires d’une licence de pêche a diminué au fil du temps, notamment à cause “d’un durcissement des réglementations et du vieillissement de la main-d’œuvre”.

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