Pont effondré à Baltimore: 21 membres d'équipages coincés à bord de l'épave depuis près de 2 mois

Fin mars, le pont de la ville de Baltimore, aux États-Unis, s'est effondré après avoir été percuté par un porte-conteneurs, faisant six morts. Depuis, l'équipage du navire est toujours à bord.

Des marins toujours dans l'attente. Depuis près de deux mois, l'ensemble de l'équipage du porte-conteneurs qui a percuté fin mars le pont Francis Scott Key à Baltimore, dans le Maryland, aux États-Unis, est toujours à bord, rapporte notamment Associated Press cette semaine.

Les 21 membres du personnel du navire, 20 de nationalité indienne et un Sri Lankais, sont coincés à bord du Dali depuis le 26 mars dernier, soit depuis que l'accident est survenu.

En cause, des restrictions de visa qui ont expiré pendant qu'ils étaient à bord, l'absence de laissez-passer et les différentes enquêtes toujours en cours menées par le Bureau national de la sécurité des transports (NTSB) et le FBI.

Le porte-conteneurs de 289 mètres de long devait quitter Baltimore pour rallier le Sri Lanka, un périple prévu pour durer 27 jours. Il a heurté un pont de la ville, causant la mort de six ouvriers qui effectuaient des travaux de réparation de la chaussée.

Après presque deux mois d'attente, le temps se fait long pour les marins, alors que leurs téléphones portables ont tous été réquisitionnés le temps de l'enquête. Si pendant plusieurs semaines, ils se sont retrouvés sans moyen de joindre le monde extérieur, de nouveaux téléphones leur ont été distribués depuis, mais sans les contacts de leurs proches.

"Ils ne peuvent pas effectuer de transactions bancaires en ligne (..). Ils n'ont aucune de leurs données ni les coordonnées de qui que ce soit, donc ils sont vraiment isolés en ce moment", déplore Joshua Messick, directeur exécutif du Baltimore International Seafarers' Center, en charge de la protection des droits des marins.

"Même si certains membres d'équipage s'en sortent, le moral a naturellement baissé", lâchent le Syndicat des officiers maritimes de Singapour et l'Organisation des marins de Singapour, dans un communiqué, réclamant la prolongation des visas des marins.

Tout au long de la journée, les membres de l'équipage doivent encore s'acquitter de nombreuses tâches en lien avec l'entretien du cargo. Ils ont également participé aux opérations de sauvetage du pont.

Ils ont par ailleurs reçu la visite de plusieurs représentants religieux et syndicaux. L'évêque Adam J. Parker de l'archidiocèse de Baltimore s'est notamment rendu sur place pour célébrer une messe début mai pour les personnes catholiques présentes à bord.

Divers colis, contenant des bonbons, des chaussettes ou encore des puzzles, ont également été livrés à l'équipage en soutien.

Selon les syndicats de marins, les membres de l'équipage ont vécu un traumatisme avec cet accident. Certains craignent d'être poursuivis pénalement après l'effondrement du pont.

"La criminalisation des gens de mer sur la seule base de leur présence à bord d'un navire lors d'un accident est une préoccupation croissante", a déclaré Mary Liew, secrétaire générale du syndicat des officiers.

Le révérend Mark Nestlehutt, également président du Seamen's Church Institute, organisation qui fournit notamment une aide juridique aux marins, explique que certains membres d'équipage craignent que leur maintien à bord du Dali ne mette en péril leurs futurs visas pour entrer aux États-Unis.

Darrell Wilson, porte-parole de Synergy Marine, la société de gestion du Dali basée à Singapour, indique que les marins vont encore devoir rester à bord "dans l'immédiat", alors que l'enquête est toujours en cours.

"Personne ne connaît mieux le bateau que son équipage. Ils sont donc précieux pour aider à mener à bien les opérations de secours et les investigations", justifie-t-il.

Quand ils seront enfin autorisés à regagner la terre ferme, les marins devraient probablement être soumis à de fortes restrictions de mouvement, selon le directeur exécutif du Baltimore International Seafarers' Center. Mais il commence déjà à préparer l'après et a notamment contacté un club de cricket local "pour voir s'il pouvait organiser un match." De quoi les aider à retrouver un semblant de vie normale.

Article original publié sur BFMTV.com