En Polynésie française, ce chercheur va vivre huit mois comme Robinson Crusoé pour étudier un oiseau menacé

Tom Hanks dans le film « Seul au monde », auquel le scientifique Matthieu Juncker pensera forcément pendant son aventure de huit mois.
AlloCiné - Copyright United International Pictures (UIP) Tom Hanks dans le film « Seul au monde », auquel le scientifique Matthieu Juncker pensera forcément pendant son aventure de huit mois.

ENVIRONNEMENT - Tom Hanks a de la concurrence. Un scientifique de Nouvelle-Calédonie, Matthieu Juncker, va vivre huit mois en autarcie sur un îlot inhabité de Polynésie française pour y observer un écosystème particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique. Un périple digne du film Seul au monde, inspiré des aventures de Robinson Crusoé.

L’aventurier a pris mercredi 17 avril la destination d’un îlot inhabité des Tuamotu, un archipel de l’est de la Polynésie française. Cette région abrite près du quart des 400 atolls (des îles de sable posées sur des récifs coralliens et culminant à quelques mètres au-dessus du niveau de la mer) recensés dans le monde.

« C’est un rêve de gamin d’aller vivre seul sur une île déserte », a expliqué à l’AFP cet explorateur-naturaliste. Matthieu Juncker dit vouloir « décrire avec des outils scientifiques l’état de cet environnement et les pressions qui s’exercent dessus ».

Un retour à l’état sauvage

Matthieu Juncker étudiera le chevalier des Tuamotu, une espèce d’oiseau endémique de cette région menacé de disparition. « Il resterait moins de 1 000 individus et les chiffres ont plus de dix ans. On ignore donc la situation aujourd’hui. »

« Il suffit de mettre quelques rats, de dégrader son habitat ou encore d’une montée des eaux pour qu’il disparaisse. Pour moi, c’est l’espace emblématique de l’atoll dans ses différentes composantes de biodiversité et de vulnérabilité », poursuit le naturaliste. Le format de cette expédition baptisée « À contre-courant » permet, selon Matthieu Juncker, d’observer la faune en limitant son dérangement.

Au cœur de ce qu’il voit comme une « robinsonnade », le scientifique se nourrira grâce à la pêche et aux ressources végétales de l’îlot. Il assurera son alimentation en eau potable avec une petite unité de désalinisation et en récupérant les eaux de pluie.

Un film et un livre en préparation

Outre le suivi des titis (nom local du chevalier des Tuamotu), Matthieu Juncker a été chargé par l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer de surveiller la présence de plastiques et par l’association polynésienne Te mana o te moana d’observer les sites de pontes de tortues.

Bien qu’il prévoie de demeurer seul, afin de se fondre un maximum dans le paysage, le Calédonien ne sera pas vraiment « seul au monde ». Un autre enjeu est de partager cette aventure, en rapportant le « témoignage d’un environnement en sursis ». Si aucun échange n’est prévu pour rompre sa solitude, Matthieu Juncker enverra « quelques bribes d’informations, des choses qui peuvent marquer ou simplement des moments de bonheur ou de peine, un peu comme une bouteille à la mer », à des amis qui les mettront en ligne. Un site internet à son nom permettra de suivre l’aventure à distance.

De ce fait, ses recherches pourront aussi sensibiliser aux conséquences du changement climatique, en temps réel. Un film devrait être diffusé sur les chaînes de France Télévisions en 2025 et Matthieu Juncker prévoit l’écriture d’un livre « plus personnel » sur son expérience.

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