En Pologne, lancement de la “ligne Tusk” aux frontières russe et biélorusse

Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, est représenté à l’intérieur d’un bunker rouillé, scrutant l’ennemi à travers la lucarne. L’hebdomadaire progressiste polonais Polityka consacre sa une à la “ligne Tusk”, nouveau grand plan de défense mis en œuvre par le dirigeant. “Les fortifications à la frontière orientale de la Pologne ont-elles du sens ?” s’interroge le magazine.

Cette “ligne Tusk”, ainsi que les médias polonais l’ont surnommée, c’est le “plan de défense national et de dissuasion” annoncé le 18 mai par Donald Tusk, également appelé “Bouclier oriental”. L’objectif : renforcer la sécurité aux frontières de la Pologne avec la Russie et la Biélorussie, dans le contexte de la guerre en Ukraine.

Une frontière “impossible à franchir”

“Nous lançons un grand projet de construction d’une frontière sûre, comprenant un système de fortifications ainsi que des décisions en matière d’aménagement du paysage et de l’environnement qui rendront cette frontière impossible à franchir pour un ennemi potentiel”, avait alors soutenu le chef du gouvernement.

Les détails sont arrivés le 27 mai, lors d’une conférence de presse au QG de l’état-major polonais à Varsovie, en présence du ministre de la Défense, Wladyslaw Kosiniak-Kamysz, ainsi que de son vice-ministre et du chef de l’état-major. Ces derniers ont pris la parole, à grand renfort de diapos permettant de visualiser ce qu’ils ont présenté comme “la plus grande opération visant à renforcer la frontière orientale de la Pologne et le flanc oriental de l’Otan depuis 1945”.

La Pologne dispose déjà depuis 2022 d’une barrière de 180 kilomètres visant à empêcher les migrants de pénétrer sur son territoire. Un dispositif qui sera d’ailleurs renforcé, a annoncé Varsovie, alors que la pression migratoire est en hausse. Le bouclier, lui, devrait être érigé d’ici à 2028 sur près de 500 kilomètres de frontière avec la Russie − au niveau de l’enclave de Kaliningrad − et avec la Biélorussie, pour un montant de 10 milliards de zlotys (soit 2,3 milliards d’euros). Il doit permettre d’améliorer le système de détection, d’entraver la mobilité de l’ennemi, de renforcer la sécurité des forces armées et des civils et d’assurer la mobilité des troupes polonaises. Des bunkers, des nœuds logistiques ou encore un système antidrones devraient faire leur apparition. Des centres opérationnels de l’armée seront également déployés à la frontière et les routes et les ponts seront renforcés.

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