La police face au Tokuryu, ce nouveau type de réseau criminel “anonyme et mouvant”

Les yakuzas vont-ils devenir des reliques du passé ? Dans le milieu du crime organisé japonais, marqué par le déclin des réseaux traditionnels, émerge une nouvelle tendance qui attire l’attention de la police. “On constate l’implication des groupes anonymes et mouvants. Il est impératif que tous les départements de la police […] s’attaquent à eux de toutes leurs forces”, a déclaré le 13 mai Yasuhiro Tsuyuki, chef de l’Agence de la police japonaise, cité par la chaîne de télévision FNN.

Concrètement, il s’agit de groupes criminels qui s’organisent en ligne, notamment sur les réseaux sociaux, pour commettre des braquages, des escroqueries ou pour mettre en place un trafic de drogue. Ils se distinguent des yakuzas classiques (qui ont une structure verticale) par l’absence de hiérarchie et par le fait qu’ils créent et dissolvent leurs réseaux en fonction de leurs besoins – il arrive parfois que les membres d’un même groupe ne se connaissent pas entre eux. “Ces criminels répartissent leurs rôles à l’aide des moyens de communication anonymes” et investissent des sommes gagnées illégalement dans d’autres activités illégales comme le proxénétisme, “tout en cherchant à rendre leurs activités opaques”, explique le site de l’Agence de la police. Les médias locaux ont baptisé ces groupes “Tokuryu”, abréviation des mots tokumei (“anonyme” en japonais) et ryudogata (“fluide, mouvant”).

“Une grave menace pour la sécurité”

L’un des faits divers les plus emblématiques du Tokuryu est l’affaire Luffy. Entre 2022 et 2023, un réseau installé aux Philippines a orchestré huit braquages au Japon, faisant un mort. Leur modus operandi était très particulier : pour le passage à l’acte, ils avaient recruté des jeunes sur les réseaux sociaux en leur faisant miroiter une rémunération colossale. Les membres communiquaient entre eux par l’intermédiaire de l’application de messagerie Telegram, dont le déchiffrage a donné du fil à retordre aux enquêteurs. Kiyoto Imamura, un des chefs de ce réseau, avait pris comme pseudonyme le nom du personnage principal du manga One Piece. Il a été extradé au Japon en février 2023 et arrêté en juin de la même année.

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