Une "police environnementale": le métier de garde champêtre séduit les jeunes, mais reste difficile d'accès

Un métier presque tombé dans l'oubli. Ils sont moins d'un millier en France et pourtant, les gardes champêtres sont de plus en plus demandés depuis quelques années. Une profession encore méconnue du grand public, mais qui séduit bon nombre de jeunes particulièrement sensibles aux problématiques environnementales.

"Notre objectif est revenir sur le devant de la scène et de rappeler aux gens que le garde champêtre est un métier prometteur, mais aussi essentiel à la protection de l'environnement", affirme Christian Comin, président national de la Fédération nationale des gardes champêtres à BFMTV.

Une méconnaissance du métier

Depuis les années 50, les effectifs des gardes champêtres ont dégringolé. À l'époque, la France comptait 30.000 agents selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, chaque ville étant tenue d'en avoir au moins un. En 2022 ils ne sont plus que 657.

Comment expliquer cette baisse? Dans l'imaginaire collectif, les gardes champêtres restent associés à un métier d'un autre temps, estime Christian Comin.

"Les gens nous imaginent dans les bois, alors que nous sommes également habilités à agir auprès de la police municipale et de la police des campagnes", explique-t-il.

"L'avantage des gardes champêtres est que nous sommes une unité de proximité et nous pouvons agir plus rapidement que les policiers municipaux qui sont souvent débordés", ajoute-t-il.

Selon Frédéric Freyheit, garde champêtre à Reuil-Malmaison, cette méconnaissance du métier est également liée à une certaine nostalgie véhiculée par les films de l'époque.

"Ils sont étonnés de voir un garde champêtre. Ça leur évoque Marcel Pagnol, les vieux films, c'est une profession qui a été un peu oubliée", confie-t-il à BFMTV.

Loin de l'image moyenâgeuse qu'on s'en fait, le métier de garde champêtre ne consiste plus à faire le tour du village avec un tambour en criant "avis à la population", suivi des petites annonces. Fonctionnaires de catégorie C, les gardes champêtres sont nommés par le maire et concourent à la police des campagnes. Ils portent un uniforme et peuvent être aussi dotés d’armes à feu.

En matière de protection environnementale, "leurs pouvoirs judiciaires sont supérieurs à ceux des policiers municipaux dont le rôle se limite à la constatation des infractions", précise l'Institut Paris Région.

"Les mairies nous appellent tous les jours"

Depuis quelques années, le métier de garde champêtre est revenu sur le devant de la scène. "Les mairies nous appellent tous les jours", confirme Christian Comin. Face à l'augmentation de l'incivilité en matière d'environnement, les communes se tournent de plus en plus vers ce métier autrefois oublié.

"La police municipale étant davantage sollicitée pour des problématiques sécuritaires, les mairies font appel aux gardes champêtres en tant que police environnementale", se réjouit le président de la Fédération nationale des gardes champêtres.

Au total, quatre gardes champêtres ont récemment été recrutés à la Rochelle (Charente-Maritime) et un service de 16 agents devrait bientôt voir le jour à Boulogne-sur-mer (Pas-de-Calais). Des postes qui attirent de plus en plus de jeunes, estime Christian Comin.

"Les jeunes sont plus sensibles aux problématiques environnementales. Ils partagent des valeurs qui sont essentielles au métier", analyse le garde champêtre.

Pourtant, pour Damien Combet, maire de la ville de Chaponost (Rhône) le recrutement n'est pas si facile. La ville recherche deux gardes champêtres depuis six mois, sans succès. "On n'a pas nécessairement beaucoup de candidatures, pour ne pas dire aucune", explique-t-il.

La faute au concours d'accès à la Fonction Publique, particulièrement "rare", juge Christian Comin. Afin de répondre à l'afflux de demande, il invite notamment les élus à faire part de leur besoin aux centres de gestion départementaux en charge d'organiser les sessions de concours. En l'absence de garde champêtre, la ville de Chaponost a dû, quant à elle, recourir à la vidéo-surveillance pour veiller à la protection de ces espaces verts.

Article original publié sur BFMTV.com