La poignée de mains entre Macron et Meloni ulcère la gauche

Photo
Photo

POLITIQUE - Emmanuel Macron devait-il profiter de son déplacement à Rome pour rencontrer (même en catimini) Giorgia Meloni, la Première ministre italienne tout juste nommée et issue des rangs l’extrême droite ? Non, répond la gauche, qui ne décolère pas depuis que l’échange entre les deux dirigeants européens a été rendu public ce dimanche 23 octobre.

Comme nous l’expliquions la semaine dernière, le rendez-vous avec la fondatrice de la formation post-fasciste Frères d’Italie n’était pas prévu dans le programme du chef de l’État. « Nous verrons si jamais une demande d’entretien est formulée », éludait l’Élysée, soulignant qu’à l’heure où le voyage était organisé, Giorgia Meloni n’avait pas encore été nommée à la tête du gouvernement italien. Ce qui permettait d’esquiver la question, et traduisait un certain embarras côté français.

À la faveur de la prestation de serment de la dirigeante dès ce samedi à Rome, la rencontre a bien eu lieu. Ce qui n’a pas manqué de faire réagir en France, notamment à gauche, qui y voit un acte de « banalisation sans frontière de l’extrême droite » de la part du chef de l’État, comme l’a par exemple écrit Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste.

« Il aurait pu marquer sa désapprobation »

Invitée sur France 2 ce lundi 24 octobre, l’écologiste Sandrine Rousseau a dénoncé une « faute » commise par Emmanuel Macron, coupable à ses yeux de « complaisance avec le fascisme ». Pour la députée de Paris, le chef de l’État « aurait pu marquer sa désapprobation, et le fait que nous ne coopérons pas avec des régimes qui se revendiquent de l’histoire de Mussolini ».

Toujours du côté de la NUPES, la cheffe du groupe insoumis à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, a déploré le fait que cette rencontre intervienne dans un contexte où l’extrême droite gagne en influence en France. « Les fascistes français en roue libre surfent indignement sur la mort de Lola. Ils essaiment partout en Europe. Que fait Macron ? Il court s’entretenir avec la dirigeante fasciste italienne », s’est indignée l’élue du Val-de-Marne.

Député écologiste des Yvelines, Benjamin Lucas a carrément comparé cette rencontre à la poignée de mains entre Philippe Pétain et Adolf Hitler à la gare de Montoire (Loir-et-Cher) le 24 octobre 1940. Des critiques balayées du côté du gouvernement, où on met en avant la primauté des relations franco-italiennes sur les orientations politiques.

Sur franceinfo, le ministre des Transports Clément Beaune (ancien conseiller spécial d’Emmanuel Macron sur les questions européennes, puis ex-secrétaire d’État chargé de ce même sujet) a parfaitement assumé cette rencontre.

« Ça me semble incontournable. Vous êtes dans un pays de l’Union européenne, nos principaux voisins, pays fondateur de l’Europe… Quoi qu’on en pense (...), c’est l’interlocutrice nommée par le président de la République italienne », a justifié le ministre, avant d’ajouter : « Vous ne pouvez pas faire l’Europe en choisissant vos interlocuteurs. »

Un argumentaire parfaitement aligné avec ce qu’en avait dit, en amont de la rencontre, le chef de l’État lui-même. « Nous prenons les dirigeants que les peuples de chaque pays nous donnent », avait déclaré Emmanuel Macron le 7 octobre dernier après la victoire de Giorgia Meloni lors des élections législatives en Italie. Depuis Bruxelles le 21 octobre, il avait fait un premier pas vers la cheffe du gouvernement italien : « Je suis tout à fait prêt à travailler avec elle. » Ce qu’il a confirmé ce dimanche.

À voir également sur Le HuffPost :

Lire aussi