Plus de 200 interpellations pour le 1er-Mai à Istanbul

par Melih Aslan et Osman Orsal ISTANBUL (Reuters) - La police turque a fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau et interpellé plus de 200 personnes dimanche après des heurts à l'occasion du défilé du 1er-Mai à Istanbul, tandis qu'une partie des manifestants tentaient de rejoindre la place Taksim dans le centre, où les rassemblements avaient été interdits. La sécurité avait été renforcée dans Istanbul, qui a été à deux reprises, depuis le début de l'année, la cible d'attentats imputés au groupe djihadiste Etat islamique (EI). Près de 25.000 policiers et membres des forces de l'ordre ont été déployés, selon les chiffres publiés par le bureau du gouverneur d'Istanbul. Des hélicoptères survolaient certains quartiers. Selon le bureau du gouverneur, 207 personnes ont été arrêtées et une quarantaine de cocktails Molotov saisis, ainsi que 17 grenades, 176 pétards et un grand nombre d'affiches illégales. Un homme de 57 ans a été tué accidentellement. Il a été renversé par un camion de police, alors qu'il tentait de traverser une rue, a rapporté la chaîne de télévision CNN-Türk. La place Taksim a été au coeur des célébrations du 1er-Mai jusqu'en 1977. Le jour de la fête du travail, cette année-là, plusieurs dizaines de personnes avaient été tuées dans les manifestations, qui sont restées dans l'histoire de la Turquie comme celles du "Premier mai sanglant". La place a été rouverte aux rassemblements de la Fête du travail à la fin des années 2000, pour quelques années seulement. Cette vaste place est devenue le principal point de ralliement des manifestations antigouvernementales en 2013, qui rassemblèrent des dizaines de milliers de personnes protestant contre Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre de l'époque, devenu depuis président de la République. Habituellement très animée avec ses cafés et hôtels qui la bordent, la place Taksim était entièrement bouclée dimanche et occupée par des agents de la police anti-émeute et des policiers en civil. Les transports publics ne s'arrêtaient pas dans le secteur. Les autorités ont accepté, après négociations avec les syndicats, qu'un rassemblement ait lieu dans le quartier de Bakirkoy, près de l'aéroport. Des milliers de manifestants y ont pris part dans une ambiance amère, nombre de participants reprochant au gouvernement d'avoir interdit l'accès à Taksim. "Personne n'a d'arme ni de bombe. Les gens vont venir et s'exprimer, mais l'Etat les en empêche, même dans le secteur prévu", a déclaré Fatma Akaltu, une syndicaliste. Il y a eu quelques bagarres à Bakirkoy. La police a interpellé quelques partisans du Parti démocratique des peuples (HDP, pro-kurde) qui criaient "Longue vie au Kurdistan". (Avec Humeyra Pamuk; Jean-Stéphane Brosse, Eric Faye et Danielle Rouquié pour le service français)