"Plancha": l'équipe de "Barbecue" de retour avec une suite "plus sombre et plus triste"

Guillaume De Tonquédec, Lambert Wilson, Franck Dubosc et Lionel Abelanski dans
Guillaume De Tonquédec, Lambert Wilson, Franck Dubosc et Lionel Abelanski dans

Succès modéré à sa sortie il y a huit ans, avant de battre des records d'audience sur TF1 et Netflix, la comédie de potes Barbecue inspire à son réalisateur Eric Lavaine une suite, Plancha, qui sort ce mercredi 16 octobre au cinéma. Lambert Wilson, Franck Dubosc, Guillaume de Tonquédec et Jérôme Commandeur rempilent dans cette comédie dramatique sur les affres de cette bande de cinquantenaires.

Après un premier volet situé dans les Cévennes, la suite se déroule en Bretagne, où le groupe se retrouve pour des vacances improvisées dans le manoir ancestral de l'un d'entre eux. Sur place, la cohabitation s'annonce compliquée et les amis de toujours se brouillent lorsque d'importantes révélations sont faites. A en croire Eric Lavaine, Plancha a séduit ses premiers spectateurs lors des avant-premières.

Le public semble très heureux de retrouver ces personnages. "Les gens sont attachés à l'ambiance de films comme Barbecue. Ils y voient autre chose qu'une simple comédie", insiste le réalisateur, dont le film a fait l'objet de parodies en ligne. "Il y a eu un phénomène étonnant avec Barbecue. Il a fait un carton sur Netflix, ce qui a un peu rajeuni la cible. Il y avait pas mal de jeunes aux avant-premières de Plancha."

"Pas vocation à faire de suite"

Plancha est né par hasard. "Je n'avais pas vocation à faire de suite. Quand j'ai commencé à réfléchir aux petites intrigues que l'on voit dans le film, je n'étais pas sûr de le faire avec les personnages de Barbecue", assure Eric Lavaine. Puis, avec le succès à retardement du film, le cinéaste s'est laissé convaincre de les faire revivre. "C'est quand même un confort extraordinaire, puisqu'ils existent", concède-t-il.

"Ils nous ont fait gagner beaucoup de temps, ajoute-t-il. D'un point de vue marketing, c'était plus intéressant pour tout le monde. Vous montez un plus gros film. Vous avez plus de moyens. Ça facilite beaucoup les choses." Et dans un contexte de crise du cinéma, trouver des financements était ainsi plus facile: "Vous annoncez que vous faites la suite de Barbecue, votre film se monte instantanément."

Le casting avait accepté l'idée de la suite, mais à la condition que le scénario soit à la hauteur: "J'ai réécrit plusieurs fois, notamment pour Lambert, parce qu'il trouvait que son personnage n'avait pas assez de profondeur. J'ai ajouté une histoire personnelle, sur la mort de mon père, qui se trouve très proche de ce qu'il a vécu d'ailleurs avec le sien. Ça a d'un coup apporté une dimension un peu plus intéressante."

Plus sombre que "Barbecue"

Plancha est ainsi un film plus dramatique que Barbecue. Une manière d'être plus sincère avec le public, insiste-t-il: "Quand vous faites une suite, ce qu'il faut, c'est que ça ne soit pas gratuit. Je vais être très honnête. La suite d'Un tour chez ma fille [sortie l'année dernière, NDLR] n'était pas indispensable. C'était sympathique. Là, avec Plancha, il y a une dimension plus intéressante."

Le résultat est aussi "plus sombre", prévient Eric Lavaine: "Je pense que Plancha est plus triste que Barbecue. Barbecue parlait de l'usure de l'amitié. Et Plancha du temps qui passe. Comme dit Lambert dans le film, on ne va pas vers le beau temps. Il ne nous reste pas des dizaines de Noël en bonne santé", raconte le réalisateur, qui a retiré du film certains gags, "parmi les plus savoureux, parce qu'on perdait en véracité."

Une plancha provoquerait-elle plus de tristesse qu'un barbecue? Eric Lavaine en est persuadé: "Quand vous avez une plancha, vous pouvez cuisiner pour vous seul, alors que le barbecue, c'est vraiment convivial", détaille le réalisateur. "Vous pouvez avoir une plancha à l'intérieur alors que le barbecue, si vous n'êtes pas dehors au soleil, ça ne marche pas."

Le choix de la plancha, comme de la Bretagne, n'est ainsi pas anodin et reflète la bile mélancolique de ses personnages: "Cinématographiquement parlant, la Bretagne, c'est très beau. Mais je trouve aussi que le climat breton correspond un peu à l'humeur globale du film", analyse le cinéaste. "Dans les groupes d'amis, on passe par des tempêtes et des moments de bonheur."

A quand "Raclette" et "Pierrade"?

Avec la crise du cinéma, Eric Lavaine a conscience qu'"il faut proposer de meilleurs films". Ce qu'il a "l'impression" d'avoir réussi avec Plancha. "A chaque fois, on essaie de faire le meilleur film. Je prends du temps au public. Je vais lui prendre 1h30, donc je ne veux pas qu'il s'ennuie! C'est une valeur importante à respecter. Après, est-ce qu'on arrive à faire un bon film ou pas, c'est un autre débat."

Après Barbecue et Plancha, à quand Raclette et Pierrade? "La balle est totalement dans le camp du public", répond Eric Lavaine, qui "ne s'attend pas à des scores monstrueux" en salle avec Plancha. Il rêve néanmoins d'un Wok en Thaïlande. "Le double sens m'intéresse. J'ai des idées sur l'homme déstructuré et sur ce qui se passe en ce moment." Mais rien de concret pour le moment: "Je ne cherche pas à faire une saga."

Article original publié sur BFMTV.com