"Plan de sobriété", centrales nucléaires... Ce qu'il faut retenir des annonces d'Emmanuel Macron sur l'eau

Dans le décor du plus grand réservoir d'eau douce d'Europe de l'Ouest, le lac de Serre-Ponçon dans les Hautes-Alpes, Emmanuel Macron a présenté ce jeudi le "plan eau" de l'exécutif, pour faire face au risque de sécheresse cet été et pour améliorer la gestion de cette ressource sur le long terme.

"L'exceptionnelle sécheresse qu'on a connue l'été dernier ne sera pas exceptionnelle par rapport à ce qu'on va connaître dans le futur", a concédé le chef de l'État, citant notamment les récents rapports du Giec.

"Aucun ne nous dit que la situation va s’améliorer", a-t-il ajouté.

• Un "plan de sobriété sur l'eau" dès cet été

Premier axe du plan eau présenté: "préparer l'été à venir", suivant le modèle de ce qui a été fait cet hiver pour économiser l'énergie, explique Emmanuel Macron.

D'abord, "un outil comme EcoWatt va permettre de responsabiliser chacun", détaille-t-il. Ainsi, "dans chaque territoire, en fonction des ressources disponibles, les préfets vont fixer des règles de partage de l’eau pour que chacun puisse connaître les gestes à adopter et voir l’évolution de la situation".

Ensuite, le chef de l'État annonce également ce jeudi qu'un "plan de sobriété sur l'eau" va être mis en place pour chaque secteur, comme précédemment sur l'énergie, comme le tourisme, l'industrie, les loisirs ou encore l'agriculture.

Malgré ce "plan d'urgence sur l'eau" prévu pour cet été, Emmanuel Macron concède que "toutes les crises ne seront pas évitées".

En effet, le président redoute "des situations de grand stress l'été prochain" dans certaines communes.

• 10% d'économie d'eau dans tous les secteurs d'ici 2030

"Au-delà de l'urgence de cet été, c'est avant tout un plan de sobriété et d’efficacité dans la durée", que veut mettre en place Emmanuel Macron.

"L'objectif à 2030, c'est 10% d'économie d'eau dans tous les secteurs", déclare-t-il.

Pour cela, il cite plusieurs axes de travail. D'abord, la modernisation des réseaux d'eau et la lutte contre les fuites. "Un litre sur 5 est perdu à cause des fuites en France, c'est inacceptable", a déploré le chef de l'État, annonçant un investissement de 180 millions d'euros par an pour "résorber" ces fuites.

Emmanuel Macron veut passer à 10% de réutilisation des eaux usées en France d'ici 2030. "Pour ça, nous avons décidé de lancer 1000 projets en cinq ans pour recycler et réutiliser l'eau" et "in fine, nous voulons réutiliser 300 millions de mètres cube, soit 3 piscines olympiques par commune (...) ou 3500 bouteilles d'eau par Français et par an", a déclaré le président.

• Réduire la consommation d'eau des centrales nucléaires

Le président veut notamment cibler un secteur particulièrement consommateur d'eau. Il a annoncé un plan d'investissement - pas encore chiffré - pour adapter au dérèglement climatique les centrales nucléaires, troisièmes consommatrices d'eau du pays.

La production d'électricité est à l'origine de 51% des prélèvements d'eau en France, et de 12% de la consommation, rappelle le chef de l'Etat.

"On doit adapter nos centrales nucléaires au changement climatique en engageant un vaste programme d'investissement pour faire des économies d'eau et permettre de fonctionner beaucoup plus en circuit fermé", explique encore Emmanuel Macron.

• "Partager" les bassines

Le plan d'eau présenté par Emmanuel prévoit de "faire évoluer la logique de stockage de l’eau" dans le pays. "Cela passe d'abord par des sols en meilleure santé qui favorisent la recharge des nappes phréatiques", fait valoir le chef de l'État.

Sur le sujet épineux des stockages artificiels d'eau pour les agriculteurs, le président a défendu l'utilité de ces ouvrages, du type de celui de Sainte-Soline (Deux-Sèvres) où des affrontements très violents ont eu lieu samedi. Ces retenues pompent durant l'hiver l'eau des nappes phréatiques afin que les agriculteurs puissent arroser leurs cultures l'été.

Emmanuel Macron assure qu'il "ne s’agit pas de privatiser l’eau ou de permettre à certains de se l'accaparer". "La règle, c'est le partage", martèle-t-il.

Ainsi, il entend mieux partager les futures bassines et les conditionner à des "changements de pratiques significatifs", à commencer par des économies d'eau et une réduction de l'usage des pesticides par les agriculteurs.

• Une tarification progressive de l'eau

"L'eau est un bien commun", affirme Emmanuel Macron. "C'est pour ça qu'il faut une tarification progressive de l'eau en France".

"Ça ne veut pas dire que le prix de l'eau va augmenter, il est d'ailleurs aujourd'hui dans la moyenne quand on regarde le prix de l'eau en France", précise-t-il.

Par conséquent, il explique que les premiers mètres cube seront "facturés à un tarif modeste, proche du prix coûtant". "Il s'agit là de l'eau dont nous avons tous besoin", affirme-t-il.

"Mais au-delà d'un certain niveau, le prix du mètre cube sera plus élevé pour ces consommations de confort et pour inciter à plus de sobriété", détaille le président de la République.

Article original publié sur BFMTV.com