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Plan gouvernemental contre les filières djihadistes

PARIS (Reuters) - Le gouvernement français a adopté mercredi un plan de prévention et de lutte contre les filières djihadistes qui s'appuie notamment sur l'écoute des familles de jeunes séduits par des organisations violentes et sur la coopération internationale. "C'est un plan global qui comprend des éléments répressifs destinés à démanteler des filières qui exposent notre pays à des risques, et des actions préventives", a expliqué à la presse le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. Selon le compte rendu du conseil des ministres, les autorités françaises ont constaté une "hausse accélérée et préoccupante, depuis plusieurs mois" du nombre de personnes tentées par l'"engagement radical violent, le plus souvent en lien avec les filières terroristes syriennes". Sur 740 personnes détectées dans ces filières, près de 300 se trouvent en Syrie, 130 sont en transit et 130 sont de retour après un ou plusieurs séjours dans ce pays en guerre. Une vingtaine y ont trouvé la mort. La France prendra "toutes les mesures pour dissuader, empêcher, punir ceux ou celles qui seraient tentés d'aller livrer des combats là où ils n'ont pas leur place", a assuré mardi François Hollande, sur fond de critiques de l'opposition sur le laxisme supposé du gouvernement à ce sujet. (Voir [ID:nL6N0NE2RZ]) Le train de mesures gouvernemental "n'est pas fait pour empêcher l'acte de foi mais il est fait pour que la religion ne soit pas utilisée à d'autres fins, notamment la fin plus abominable qui est le terrorisme", a ajouté le président. Selon Bernard Cazeneuve, le plan mis en oeuvre "dans les jours qui viennent" permettra d'abord de mettre en place un mécanisme de prévention des départs vers la Syrie. "Nous inscrivons immédiatement ces ressortissants français sur le système Schengen (qui rassemble 26 pays-NDLR), ce qui nous permet qu'à la frontière de l'Union européenne, ils soient interceptés", a-t-il expliqué. "L'inscription nous permet non seulement d'éviter la sortie du territoire français mais aussi de mobiliser l'ensemble de nos partenaires". EXPULSIONS Pour ce qui est des étrangers présents en France "dont nous avons assez d'éléments pour être convaincus qu'ils participent à une entreprise terroriste, ils seront bien entendu expulsés", a aussi souligné le nouveau ministre de l'Intérieur, qui présente son premier plan d'envergure depuis son installation place Beauvau en remplacement de Manuel Valls, au début du mois. Quant aux djihadistes qui reviennent en France, ils seront mis en examen pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, a précisé Bernard Cazeneuve. Le plan prévoit la mise en place d'un numéro vert et d'une plate-forme de signalement sur internet à destination des familles où "un jeune est sur le point de basculer". Des structures d'accueil seront mises en place par les préfets pour accueillir les parents désarmés face à la radicalisation de leurs enfants. Le signalement et la surveillance des sites djihadistes seront renforcés en France comme en Europe. Les grands opérateurs seront incités à ce que "les contenus illicites et les sites de recrutement fassent l'objet de procédures de suppression effective et rapide", souligne le compte rendu du conseil des ministres. Plusieurs familles de jeunes Français partis faire le djihad avaient appelé début avril le gouvernement à enrayer l'exode des candidats à la guerre sainte. (Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)