Plan Ecophyto : Pourquoi les apiculteurs reprennent le flambeau de la mobilisation agricole

63 % des apiculteurs ont eu du mal à vendre leur récolte de miel de 2023, fait valoir la Fédération des associations de développement de l’apiculture (Ada France).
CHRISTOPHE SIMON / AFP 63 % des apiculteurs ont eu du mal à vendre leur récolte de miel de 2023, fait valoir la Fédération des associations de développement de l’apiculture (Ada France).

AGRICULTURE - Un nouveau soutien aux agriculteurs, mais un désaccord total sur un point précis. Les apiculteurs se mobilisent ce lundi 5 février aux côtés des agriculteurs. Ainsi les ruches s’installent aux côtés des tracteurs : la place Bellecour à Lyon a été envahie par des centaines de ruches. Non loin de Nantes, à Bouguenais, les apiculteurs avaient prévu un convoi symbolique de camions de ruches vides jusqu’à une grande surface.

Le plan Écophyto mis sur « pause » : énième contretemps pour un projet en souffrance depuis ses débuts ?

S’ils partagent le constat de leurs collègues éleveurs sur l’impact du changement climatique, les salaires trop bas et la concurrence déloyale européenne, les producteurs de miel viennent surtout manifester leur colère face au recul du gouvernement sur les pesticides. Alors que la « pause » annoncée par Gabriel Attal sur le plan Ecophyto, destiné à limiter l’usage des pesticides, a apaisé la colère d’une partie du monde agricole, les producteurs de miel craignent pour la durabilité de leur activité.

Opposés à l’autorisation des pesticides

« C’est une catastrophe, un retour en arrière. On s’est battus depuis 25 ans contre les pesticides, qui impactent énormément le monde des insectes, et notamment l’abeille mellifère qui est extrêmement utile pour la pollinisation », déplore Marc Maisonnet, coprésident du syndicat d’apiculture du Rhône, au micro de BFMTV.

Si la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs poussent pour un recul des normes environnementales, les apiculteurs se rangent aux côtés de la Confédération Paysanne, qui plaide pour une unification des normes à l’échelle européenne, afin de préserver la biodiversité et la durabilité des systèmes alimentaires. Cette mesure doit leur permettre de conserver leurs précieuses alliées : les abeilles.

« Une pause sur les normes environnementales serait catastrophique pour nous et les générations futures », confie ainsi à France 3 Virgile Mazery, apiculteur professionnel en bio en Loire-Atlantique. « Il faut que nous alertions la population sur notre situation », ajoute-t-il, assurant rejoindre le cortège nantais.

63 % des apiculteurs ont eu du mal à vendre leur récolte

L’année 2023 a été particulièrement rude pour la profession. Selon la Fédération des associations de développement de l’apiculture (Ada France), 63 % des apiculteurs français ont eu du mal à commercialiser leur récolte. La demande de miel en France s’élève pourtant à environ 45 000 tonnes par an, largement de quoi absorber la production nationale, estimée à 34 000 tonnes en 2023.

Mais les difficultés des producteurs s’expliquent par la concurrence des miels importés, notamment d’Ukraine ou de Chine, à des prix souvent inférieurs à 2 euros le kilo. Le miel français lui se vend à plus de dix euros le kilo en moyenne. Plusieurs apiculteurs évoquent « une concurrence déloyale ».

Dans ce contexte, la suspension du plan Ecophyto apparaît comme un mauvais coup porté aux apiculteurs et leurs abeilles. « Je vois d’un très mauvais œil ces annonces », s’inquiète Ivan Broncard, président d’Ada France. « Si on revient en arrière sur les interdictions de certains pesticides, on risque de reprendre une claque et de perdre des ruches. Il y aura moins de production, mais je ne pense pas que ce soit la solution ».

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