Plaidoyer pour les oubliés de la société, qui n’ont “pas de place”

Elle est assise par terre, quand bien même le train est aux deux tiers vide. À l’extérieur, la température est en dessous de zéro ; le sol du wagon doit être d’un froid tout aussi glacial. Elle s’est installée près de la porte, un endroit où même les passagers sans place attribuée ne veulent se mettre car, à chaque arrêt du train, il faut laisser passer les gens qui entrent ou sortent. C’est pourtant cette place qu’elle a choisie.

Savez-vous qui est cette personne ? C’est l’agent d’entretien du train. C’est elle qui s’occupe des poubelles et du nettoyage. Le sac en papier pour les déchets qui se trouve devant chaque siège, c’est elle qui vient vous en débarrasser. Elle s’occupe aussi d’enlever les détritus qui traînent sur votre tablette et de nettoyer les lavabos et les WC.

Pourquoi est-elle assise là ? Parce qu’aujourd’hui, il y a peu de passagers. Elle est déjà passée deux fois dans les wagons pour récupérer les déchets et, alors que le train roule depuis deux heures, les voyageurs sont maintenant bien installés, et ne “génèrent” plus trop de détritus. C’est uniquement parce que cela ne servirait à rien qu’elle reste debout qu’elle peut s’asseoir. En revanche, quand le train est plein, elle ne cesse de faire des allers-retours ; et lors des rares moments de répit, elle se contente de s’adosser un moment contre la paroi entre deux wagons ou à côté des lavabos. De toute façon, comme elle a pour “mission” de s’occuper des passagers qui montent et qui descendent, il est logique qu’elle s’asseye par terre près de la porte du wagon.

Siège interdit

Il est fort possible que vous ne la remarquiez même pas, tant elle est discrète, lorsqu’elle passe prendre les déchets que vous lui tendez. Pourtant, c’est sans doute la personne qui fait le travail le plus pénible de tout le train ; et c’est aussi la seule qui n’a pas de siège. Les contrôleurs disposent d’une salle de repos, et les agents de sûreté ferroviaire, de couchettes. Il n’y a que les femmes de ménage qui n’ont rien. Et figurez-vous – je viens de l’apprendre – que même s’il y a des places libres, elles n’ont pas le droit de les occuper !

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