Pitié !

Fini le temps des huées : dans les salles cannoises, pour marquer dans le noir leur gêne ou leur désaccord anonyme, les spectateurs toussent. Telle scène plus ardue qu’une autre déclenche des quintes grasses qu’on soupçonne de ne pas être involontaires - sauf à voir validée par la médecine cette découverte locale : l’ennui sécrète du fluide dans la trachée. Le Palais des festivals a la bande-son d’un couloir d’hôpital. Un grand public malade. Mourra-t-il ? Le regrettera-t-on ? Puisque la salle elle-même, selon les Kassandre de la presse, semble sur le point de disparaître sous les assauts d’un vrai Nouvel Hollywood - l’affaire Netflitz restant, me dit-on, une note de bas de page, en termes d’investissements financiers massifs, face à la tempête de Réalité Virtuelle qui s’annonce - verra-t-on dans un futur proche des spectateurs sans communauté expectorer sur leur tabletta rasa, et cracher leurs poumons sous leur casque de solipsisme 3D ? Ou bien la mort du cinéma endiguera-t-elle définitivement l’épidémie, s’inspirant des campagnes d’abattage face aux rumeurs de vache folle ? Qu’il survive ou pas, le public reste le public : à Cannes comme ailleurs, n’en déplaise aux investisseurs, il n’a jamais existé. Et pourtant, il tousse…

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