Le “piteux état” de son armée est “un immense danger” pour l’Allemagne

“Et si Poutine nous attaquait ?” Il y a encore quelques années, la question posée en une de l’hebdomadaire Focus aurait presque pu sembler loufoque.

Mais depuis février 2022 et l’invasion russe de l’Ukraine, elle est très discutée en Allemagne. Ce conflit mené sur le sol européen a poussé le chancelier, le social-démocrate Olaf Scholz, à annoncer la modernisation et l’augmentation massive du budget d’une armée allemande éprouvée par des décennies de sous-financement.

Alors, s’interroge le journal munichois dans son éditorial, “le gouvernement a-t-il rempli ce ‘devoir essentiel’?” A-t-il vraiment écouté les hauts gradés, qui, il y a un an et demi, assuraient que la Bundeswehr n’était pas capable de protéger le peuple ?

La photo de couverture de Focus illustre bien l’inquiétude dans laquelle le pays est encore plongé : on y voit le palais du Reichstag, où siège le Parlement allemand, coiffé d’un casque militaire. Au-dessus, le titre, “L’urgence”, s’affiche en grosses lettres blanches, suivi du sous-titre : “Défense aérienne, protection civile, sécurité numérique – le point sur la situation en Allemagne.”

Se préparer au pire

Pour le titre conservateur, l’armée n’est plus considérée comme un poste de dépenses accessoire et inutile. “Aujourd’hui, quand l’Allemagne achète le système de défense antimissile Arrow-3, il ne s’agit pas seulement d’une mesure de précaution, mais de réelles capacités de combat.”

Mais dans le même temps, la remise en état de la Bundeswehr traîne en longueur, et l’objectif d’Olaf Scholz de consacrer durablement au moins 2 % du produit intérieur brut allemand au secteur militaire semble difficile à atteindre. Cela nécessiterait de dépenser 80 à 85 milliards d’euros par an dans ce domaine. “[Il faudrait donc] emprunter ? Réduire d’autres budgets ? C’est une décision difficile.”

D’après Focus, l’éventualité d’une attaque russe devrait néanmoins rendre ces problèmes financiers accessoires. “L’Allemagne doit se préparer et s’armer en prévision d’un avenir où une attaque contre un pays membre de l’Otan est à tout moment possible, analyse-t-il. Le piteux état actuel de nos défenses n’est pas seulement une bêtise, c’est un immense danger géopolitique.”

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