Les pistes du PSG n'aboutissent pas, la mairie en position de force: pourquoi le dossier du Parc des princes n’avance pas

Rien n’avance dans ce dossier capital pour l’avenir et le développement du Paris Saint-Germain. Depuis plusieurs mois, les deux parties campent sur leurs positions. D’un côté, le PSG veut entendre parler uniquement d’une vente ou de la construction d’un nouveau stade. De l’autre, la mairie de Paris est ouverte aux discussions avec une proposition de bail très longue durée. En clair, le PSG serait locataire du stade, devrait faire les travaux afin de le moderniser et en échange le loyer serait "minime".

Le PSG, pas du tout satisfait des envies de la mairie de Paris, poursuit son travail de réflexion pour la construction d’une enceinte à l’ouest de Paris. Depuis la fin de l’épisode stade de France, les plans sont nombreux mais au fil du temps ils tombent tous à l’eau et la mairie de Paris se retrouve en position de force dans ce dossier.

Anne Hidalgo voulait contacter Nasser Al-Khelaïfi

"Pour une sortie de crise rapide, il faut un dialogue rapide entre Hidalgo et Al-Khelaïfi", estime un proche du dossier. Il y a quelques semaines, Anne Hidalgo avait essayé de faire le premier pas pour un retour du dialogue entre les deux parties. Par l'intermédiaire de Nicolas Sarkozy, la maire de Paris avait cherché à envoyer un message à Nasser Al-Khelaïfi au sujet du Parc des Princes. Finalement, les discussions n'ont jamais reprises entre les deux parties dans un dossier où les egos sont importants.

Est-ce qu’une solution sera trouvée sous trois mois, comme le souhaite le président parisien? Pas si sûr. Ce dossier traîne, les relations sont glaciales et les solutions sur la table ne conviennent à aucune des deux parties. L'actuel contrat entre la mairie de Paris et le PSG pour l'utilisation du Parc des Princes est valable jusqu'en 2043, selon des élus qui précisent que le PSG ne peut pas se désengager. "Ils ne cherchent pas un terrain pour une maison, ils cherchent un terrain pour un établissement recevant du public, plus de 70.000 personnes un week-end sur deux, il faut donc un alignement des planètes parfait et en Ile-de-France j’ai du mal à voir cette solution parfaite tant que le projet du Grand Paris ne sera pas arrivé à son terme pour la partie transport", confie un responsable de la région spécialiste de l’urbanisme.

Les hippodromes, c’est non!

Le premier hippodrome évoqué pour la construction d’un futur stade était celui de Saint-Cloud. Ce projet ne verra jamais le jour, tout simplement parce que ce site est inconstructible et protégé par le Plan Local d’Urbanisme (PLU) en place depuis 2012. "Les hippodromes resteront des hippodromes, c’est leur première vocation", confie un proche du dossier. Et d’ajouter: "Ce n’est pas compatible avec les projets annoncés".

Depuis quelques jours, certains évoquent une solution à l’hippodrome d’Auteuil, qui appartient à la mairie de Paris avec une exploitation confiée à France Galop. Une solution "totalement impossible", selon plusieurs interlocuteurs. Le fait que ce lieu reste un hippodrome est inscrit noir sur blanc dans le contrat avec la mairie qui est en place jusqu’en 2056. Une modernisation du lieu sera d’ailleurs prochainement présentée. "Je ne sais pas d’où vient la rumeur mais on est étonné, commente un autre interlocuteur. On ne comprend pas pourquoi la mairie de Paris, aussi propriétaire d’Auteuil, faciliterait cela. On est dans l’enfumage total." Une nouvelle piste qui prend fin comme la solution de Poissy, bien trop loin de Paris. Enfin, la piste de l’hippodrome de Maisons-Laffitte (Yvelines), à l’abandon depuis quelques années, n’ira pas plus loin.

Montigny-le-Bretonneux, "je leur souhaite bon courage"

Ces dernières semaines, l’option de Montigny-le-Bretonneux a fait le tour des médias. Cette commune des Yvelines possède un espace assez important pour une implantation du futur stade du PSG. Sur le papier, cette idée, proche du Vélodrome et de la base de loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines, parait séduisante. Les politiques du coin semblent aussi assez ouverts à une arrivée du club parisien. "Le PSG sait travailler avec l’administration française. La région, l’agglomération et la ville sont totalement ouvertes pour ce projet", estime pour RMC le sénateur des Yvelines Michel Laugier.

Mais ce lieu, sous la gestion de la région, représente une grande énigme pour différents interlocuteurs. "Ils n’ont aucune prise de conscience sur les transports", confie une source proche du dossier. Une autre ajoute: "En pleine crise environnementale bétonner des sols naturels et pour partie protégés, je leur souhaite bon courage". Des connaisseurs de la région Ile-de-France mettent en avant les problèmes d’accès à la gare de Montigny et s’interrogent sur la protection environnementale autour de ce lieu. Une construction qui pourrait se heurter à des recours administratifs et trainer en longueur.

Pourquoi la mairie refuse la vente

En début de mois, Emmanuel Grégoire a été cash sur ce sujet: "Une vente est un choix pour l’éternité. On garantit que le Parc des princes restera un stade de Foot. On a le temps de gagner un paquet de Ligue des champions en attendant (..) Construire un stade prend 10 ans si tout se passe bien." Certains élus de la mairie de Paris veulent aussi garantir l’avenir du Parc des Princes. "Si dans 10 ans le PSG est vendu à un fonds d’investissement, qui peut garantir l’avenir du Parc des Princes?" questionne un élu au Conseil de Paris.

Certains représentants de la ville conseillent quand même Anne Hidalgo d’exposer "une stratégie" pour l’avenir du stade parisien afin de "faire comprendre" à "tous les administrés" la volonté pour cette enceinte. Autre point important, le Conseil de Paris devrait lancer et valider une vente du Parc des Princes. Suivant les mouvements, pour le moment, la tendance est mitigée. L’idée d’une vente ne passe pas. Emmanuel Grégoire avait aussi cité en exemple le fonctionnement de Roland-Garros. La FFT est liée avec la mairie sur un contrat de 50 ans. La Fédération de Tennis réalise les travaux en échange d'un "loyer dérisoire".

Pourquoi le club refuse la location

Le fonds d’investissement Arctos est central dans ce dossier. Depuis son investissement dans le club de la capital, le fonds est en charge des investissements immobiliers. Les plans exposés depuis des années sont clairs. En cas de rénovation, le PSG souhaite passer à environ 60.000 personnes dans les tribunes du Parc des Princes. Mais l’essentiel de ces investissements réside dans l’expérience spectateur. Un musée en bas de la tribune Boulogne, un mégastore ou encore un parvis totalement dégagé afin de faire le tour complet du Parc sont les pistes du club pour faire grandir cette enceinte. L’investissement en cas de rénovation du Parc peut être évalué à plusieurs dizaines de millions d’euros (certains évoquent un milliard d’euros). Et pour le PSG, payer un loyer en plus de certains travaux peut paraître très surprenant.

Le club estime que pour son développement l’achat du Parc des Princes est essentiel. Des interlocuteurs prennent l’exemple de grands clubs ou des franchises de base-ball propriétaires de leurs enceintes pour expliquer le "bon investissement" que cela représenterait avec une augmentation des revenus à la clé.

La mairie de Paris en position de force

Finalement, ce dossier n’avance pas et bloque le développement du PSG dans plusieurs domaines. Si les solutions pour la construction d’un stade continuent de se heurter à la réalité du terrain, le PSG devra revoir ses plans (et sa tactique) pour le futur. Dans ce dossier, la mairie de Paris est en position de force.

Depuis son appel du pied, début janvier, la mairie de Paris n’a eu aucun contact à ce sujet avec des représentants du PSG. L’option du bail de très (très) longue durée est toujours sur la table avec des "options" à présenter et à adapter en fonction des envies du club. En attendant, le PSG continue de payer un loyer pour le Parc des Princes compris entre 2 et 2,5 millions d'euros par an.

Article original publié sur RMC Sport