Un “pirate à la chancellerie” allemande

À première vue, la photo d’Olaf Scholz qui agite les réseaux sociaux depuis dimanche 3 septembre pourrait passer pour un photomontage. Elle est pourtant véridique. On y voit le dirigeant social-démocrate allemand poser sourire aux lèvres avec un œil recouvert d’un bandeau noir. “Le chancelier est tombé en faisant du jogging”, explique la Süddeutsche Zeitung, pour qui il y a désormais un “pirate à la chancellerie”.

Le chef du gouvernement a été obligé d’annuler un déplacement à cause de ce problème oculaire. Mais c’est surtout son allure de flibustier qui a été commentée outre-Rhin. “Il a lui-même partagé l’image sur les réseaux sociaux”, précise le journal munichois, qui lui reconnaît un certain sens de l’humour. Son image de flibustier de la politique a par la suite fait l’objet de nombreux détournements, avant que d’autres photos ne soient diffusées.

“Terreur des Caraïbes”

Pour le quotidien de gauche, la photo du chancelier allemand représente davantage qu’une simple blague. “Olaf Scholz se pense, même avec un seul œil, comme un homme qui respire la compétence, la clairvoyance, et la sécurité – bien plus que n’importe qui au sein de son gouvernement, ou même parmi les inconscients qui n’en font pas partie”, analyse-t-il. L’image diffusée a donc un message clair : quel que soit son état, “il veillera sur la démocratie comme sur la prunelle de ses yeux”.

Ses détracteurs, évidemment, ne sont pas d’un tel avis. Selon la Süddeutsche Zeitung, ils estiment qu’il détourne au contraire le regard des problèmes importants, comme les désaccords au sein de sa propre coalition. Depuis des mois, les sociaux-démocrates, les Verts et les libéraux s’entredéchirent sur des sujets aussi variés que la transition énergétique ou le niveau d’endettement de l’État.

Aux yeux de ses opposants, l’image de “terreur des Caraïbes” que veut transmettre Scholz semble peu crédible. Même si des matelots le suppliaient de “mettre toutes voiles dehors”, comme le font certains de ses alliés de l’Otan sur le dossier ukrainien, le “capitaine Œil-au-beurre-noir” jouerait la prudence. Il a certes annoncé que son “navire”, l’Allemagne, allait se réarmer. Reste à voir si cela se fera assez rapidement pour éviter le “supplice de la planche” aux marins d’outre-Rhin.

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