Les pionniers de la prévision météorologique

La prévision météorologique a acquis ses lettres de noblesse au 19e siècle. Grâce à des méthodes de mesure et d’observation inédites, à l’utilisation du télégraphe pour centraliser et diffuser les données… et à l’obstination d’un homme : Urbain Le Verrier.

Cet article est issu du magazine Les Indispensables de Sciences et Avenir n°216 daté avril/ juin 2024.

La météorologie moderne a émergé d'un naufrage. Dans la nuit du 13 au 14 novembre 1854, une tempête s'abat sur la mer Noire, au large de la Crimée, théâtre de la guerre qui oppose alors à la Russie une coalition de quatre puissances, dont la France. À quelques encablures du port de Sébastopol, la flotte des alliés est dévastée : 41 navires sont perdus, 400 marins périssent. Aurait-on pu prévoir le phénomène et éviter le désastre ?

À la tête de l'Observatoire de Paris depuis janvier 1854, Urbain Le Verrier en est convaincu. L'astronome, célèbre pour avoir découvert la planète Neptune, va s'employer à le démontrer à l'empereur Napoléon III. Le Verrier recueille les informations météorologiques des observatoires européens pour la période précédant le 14 novembre, et constate que la tempête était déjà présente au nord-ouest de l'Europe le 12 novembre, puis qu'elle s'est déplacée en direction du sud-est. Si la marine de guerre avait pu mettre la main sur ces informations à temps, en recourant aux réseaux télégraphiques, la flotte française aurait sans doute évité la catastrophe.

Chaque jour, Paris publie son Bulletin

Adepte des nouveaux moyens de communication, Le Verrier saute sur l'occasion. Il propose à l'empereur de créer, via le télégraphe, un réseau européen d'observations météorologiques, centralisé à Paris, afin d'anticiper les tempêtes. Approuvée par Napoléon III, la structure se déploie rapidement, d'abord en France. Vers 1860, le pays compte une douzaine de postes. Chaque matin, à 7 heures, les agents du télégraphe y relèvent les mesures de cinq instruments : thermomètre, hygromètre, anémomètre, pluviomètre et baromètre. Ils télégraphient ces informations avec leur première dépêche du jour à l'Observatoire de Paris.

Dans le même temps, Le Verrier négocie avec succès un échange de données avec les grands observatoires européens. Fin 1860, le réseau fédère dix-[...]

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