Pillages, rayons vides... Les habitants de Nouvelle-Calédonie confrontés aux pénuries dans les commerces

"On est dans un compte à rebours pour rétablir la continuité d’approvisionnement en médicaments et produits alimentaires. Si on ne le fait pas, des gens vont être en grande difficulté et certains vont mourir." Louis Le Franc, le haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, a tiré la sonnette d'alarme ce jeudi 16 mai après la troisième nuit d'émeutes sur l'île.

Le territoire ultramarin, secoué par une flambée de violences liée à une réforme du corps électoral, s'expose désormais à un risque d'insécurité alimentaire alors que des émeutiers ont pris pour cible pour les commerces.

Commerces pillés

Dans l'agglomération de Nouméa, le quartier pauvre d'Auteuil était très endommagé ce jeudi, a constaté un correspondant de l'AFP: supermarché incendié, commerces et restaurants brûlés.

À Dumbéa, au nord de la capitale, l'hypermarché Carrefour a été totalement pillé dans la nuit de mercredi à jeudi, selon des images de la chaîne La 1ère.

Au même endroit, l'enseigne Conforama a elle aussi été dévalisée. Les caméras de La 1ère ont filmé une file de véhicules quittant le magasin d'ameublement chargés de produits.

La Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Nouvelle-Calédonie, qui évalue à 200 millions d'euros les dégâts liés aux émeutes, estime que 80% à 90% du circuit de distribution (magasins, entrepôts, grossistes) de Nouméa ont été "anéantis".

"Une heure de queue pour deux baguettes"

Faute d'approvisionnement des commerces, les pénuries alimentaires provoquent de très longues files d'attente devant les magasins.

"Les grandes surfaces sont prises d'assaut. Il y a plusieurs heures de queue. Il y a des bébés qui n'ont plus de lait. Les aliments primordiaux ne sont plus là, tout a été dévalisé", témoigne sur BFMTV Thomas, gérant d'une société à Nouméa.

"J'ai fait une heure de queue pour deux baguettes", raconte aussi sur notre antenne Claudia, une habitante de Nouméa qui s'estime chanceuse d'avoir "fait des courses avant que tout commence".

Au Mont-Dore, le supermarché Casino ouvre ses portes entre 11h30 et 15 heures mais avec des consignes strictes: "une entrée par groupe de dix personnes, pas d’alcool ni de cigarettes, deux articles par famille de produits maximum", détaillent Les Nouvelles calédoniennes.

"On est cinq à la maison, j’ai mes trois filles à nourrir, donc c’est vrai qu’on y pense. Notre priorité, ça reste la sécurité, mais l’alimentation va devenir un vrai sujet", témoigne Benjamin, un père de famille de 43 ans, auprès du média local.

La solidarité s'organise

Pour protéger les populations les plus fragiles, des actions de solidarité se mettent en place. Hélène et Sébastien, exploitants agricoles, ont livré des fruits et légumes à l’Ehpad Les Pavillons d’Eugénie à Païta, à 30 km au nord de Nouméa. "De quoi tenir quelques jours", expliquent-ils sur leur page Facebook.

Ce jeudi, le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé la mise en place d'un "pont aérien", qui "permettra le retour de l'ordre" et garantira "l'approvisionnement de l'île en produits essentiels".

Article original publié sur BFMTV.com