Pif Gadget, Têtu, Playboy : "Le collectif a laissé sa place à l’individualisme" selon un expert

Olivier Dussopt, ministre du Travail (Photo by Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
Olivier Dussopt, ministre du Travail (Photo by Christophe ARCHAMBAULT / AFP)

L'exécutif a multiplié les interviews dans des médias plutôt inattendus pour des personnalités politiques.

Marlène Schiappa, secrétaire d'État, dans Playboy, Emmanuel Macron dans Pif Gadget ou encore le coming-out d'Olivier Dussopt, ministre du Travail, dans les colonnes de Têtu... Les médias dans lesquels des membres de l'exécutif se sont exprimés ont surpris, ces dernières semaines, y compris en interne.

La Première ministre Élisabeth Borne a recadré la ministre, déclarant que son interview "n'était pas appropriée, a fortiori dans la période" actuelle de crise sociale à la suite de la réforme des retraites, rapporte BFMTV.

"Une absence de maîtrise de la communication"

"Ça n’est pas une stratégie, mais plutôt une succession de coups individuels qui n'aurait jamais du exister dans une telle période de crise. Ça révèle l’absence de maitrise, de vision de la communication de la part de l’exécutif, notamment depuis le départ de Clément Léonarduzzi", décrypte Philippe Moreau-Chevrolet, spécialiste de communication politique.

Pendant deux ans, Clément Léonarduzzi a géré tous les aspects de la communication présidentielle : relations avec la presse, contenus digitaux, étude de l'opinion, discours, réponse aux courriers des Français. Au terme de sa première année, de l'avis général, la communication s'est professionnalisée. Mais une fois la réélection d'Emmanuel Macron actée, il quitte le navire.

"Passés d’une meute organisée à des loups solitaires"

"On voit que le collectif a laissé sa place à l’individualisme. Pour les ministres, le quinquennat est terminé depuis le recours au 49.3. Certains la jouent individuel, essaient d’exister de leur côté et pensent à se recaser en vue de 2027, c'est une mentalité de fin de mandat, sauf que ça arrive particulièrement tôt" poursuit le spécialiste de communication politique.

Pour expliquer cette ambiance et cette projection à 2027, alors que le mandat vient de débuter, Philippe Moreau-Chevrolet pointe du doigt le fait qu'Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter. "Ils sont passés d’une meute organisée à des loups solitaires. Depuis la réélection, ils savent qu’il y aura parmi eux un candidat en 2027, à la place d’Emmanuel Macron. Pour le chef, c’est difficile de cheffer et d’être écouté quand on sait qu’il ne pourra pas être réélu".

"Une communication à la Marie-Antoinette"

Une séquence de communication dans des magazines peu connus pour donner la parole aux politiques qui est d'une certaine manière révélatrice de la crise politique qui touche l'exécutif depuis les débats sur la réforme des retraites. "C'est une communication futile au milieu d'un moment politique extrêmement grave, une sorte de communication à la 'Marie-Antoinette', symbolique soit d'un pouvoir totalement hors-sol, soit d'une volonté de provocation totale", analyse Philippe Moreau-Chevrolet.

Preuve de la crise politique, voire institutionnelle, la cote de popularité du chef de l'État a atteint son plus bas niveau depuis la crise des Gilets jaunes avec seulement 29% de Français satisfaits de son action, soit le même taux de satisfaction que sa Première ministre Elisabeth Borne.

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