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La phrase culpabilisante que les mères comme moi ne veulent plus entendre

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Rose S.

« Parce que bon, quand même, vous pourriez faire un effort !  » Non, des efforts, j’en fais déjà suffisamment. Des responsabilités, j’en ai déjà assez et au-delà de ma santé mentale, c’est quoi le message pour mon fils ?

PARENTALITÉ - « Vous allez bien le récupérer plus tôt ? » Ça, c’est la phrase de la maîtresse à la rentrée en petite section mon fils aîné, 3 ans. La suite sous-entendue, c’est « Comme vous ne travaillez pas » ? On y est.

Les sous-entendus

Vous la sentez l’évidence dans mon esprit ? Moi la mère qui ne bosse pas, enfin pardon, qui ne suis pas rémunéré pour mon travail en ce moment, je ne vais quand même pas laisser mon enfant manger à la cantine et toute la journée à l’école ? S’ensuivent tout un tas d’affirmations comme « Cela lui fait de grosses journées quand même, c’est mieux qu’il vienne des demi-journées, c’est mieux pour lui ».

On se fiche de qui ?

Alors moi, la mère qui non seulement ne fais rien, je me ficherais du bien-être de mon fils quand même ? Le fait qu’il soit demandeur, on s’en fout visiblement. Le fait que j’ai un nourrisson à gérer à la maison et qu’il commence à dormir la journée, et que je peux commencer à souffler, on s’en fout aussi. Le fait que je sois une mère mais pas que, on s’en fout ? Que l’école soit obligatoire à partir de 3 ans, on s’en fout ? Que je puisse éventuellement déjà porter sur mes épaules la culpabilité que le patriarcat me déverse, on s’en fout ? Que jamais cette remarque n’aurait été faite à un père, on s’en fout ?

Quel intérêt pour qui ?

Et puis c’est mieux pour qui les demi-journées pendant des mois ? Pour mon fils ou pour la maîtresse ? Alors c’est quoi le deal ? On scanne les daronnes qui ne bossent pas et on leur fait supporter la responsabilité d’une classe surchargée ?

« Parce que bon, quand même, vous pourriez faire un effort ! » Non, des efforts, j’en fais déjà suffisamment. Des responsabilités, j’en ai déjà assez et au-delà de ma santé mentale, c’est quoi le message pour mon fils ? Tu es demandeur mais non, tu n’iras ? On va t’habituer à un rythme qu‘il te sera peut-être difficile de modifier après ?

Le droit des mères à être aussi des femmes

Parce que devinez quoi ? J’ai faux sur tous les tableaux sur votre échelle des années 50, maîtresse. Une mère qui ne s’occupe pas assez de ses enfants sans bosser actuellement et qui va reprendre un taf bientôt, double combo !

Je n’en peux plus de ce qu’on fait peser sur les mères. J’ai le droit de vouloir avoir une vie, de vouloir ménager ma santé mentale, le droit de ne pas attendre d’être au bout du rouleau pour pratiquer le self care et le devoir de ne pas projeter sur mon fils des inquiétudes d’adultes.

Alors, il y a quoi au menu de la cantine ce midi ?

Post-Scriptum

Je n’ai rien contre l’école, rien contre les instits. Un métier vital et difficile, des moyens insuffisants. C’est indéniable. Mais le manque de moyens n’a pas à peser sur les mères, qui ont bien assez à porter sur leurs épaules. On ne devrait pas instrumentaliser nos culpabilités dans cet éventuel but.

C’est le plus dérangeant en fait. Ici, la maîtresse n’a absolument pas demandé gentiment aux parents qui peuvent, un coup de main en blâmant une classe surchargée. Elle ne m’alertait pas non plus d’une réelle difficulté de mon fils qui ne passe pas avec le temps puisque c’était son premier jour.

Ce n’est pas de ça dont il s’agit ici. Ici, c’est le bien-être de mon fils, son équilibre, qui m’a été agité sans savoir même comment il allait vivre sa première semaine, sans savoir même ce qu’était ma journée, ma vie, mon état de fatigue et de santé mentale. En présumant juste.

On peut me dire « oui mais ils alertent que les journées sont longues ». Mais on le sait. Vraiment.

On le sait. On fait aux mieux, avec les moyens qu’on a. Et parfois, quand avec les ressources dont on dispose, on ne peut pas faire autrement, ça ne fait que remuer le couteau dans la plaie. Vraiment. À quoi bon ?

Croyez bien que la première rentrée de son enfant en petite section, ça secoue. Fort. Très fort. Mais on fait comme on peut.

Après un premier accouchement traumatique suivi d’une grosse dépression post-partum, je sais à quel point la santé mentale est précieuse. Et cette deuxième fois, j’en prends soin, pour mon bien-être, certes, mais surtout celui de mes enfants.

Après une semaine d’adaptation, mon fils adore aller à l’école en journée complète et à la cantine, il ne pleure plus quand on le dépose. Il adore sa maîtresse. Et c’est très bien comme ça.

Ce témoignage, initialement publié sur le compte Instagram Mère à bâbord, a été reproduit sur Le HuffPost avec l’accord de son autrice.

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