Philippe Val : "Le jour où je me fais tabasser par des cathos intégristes"

Quand Christophe Dechavanne m’invite dans « Comme un lundi ! », je refuse d’abord. Je n’aime pas ces plateaux où l’on n’a pas le temps de développer une idée. Nous ne sommes qu’en 1995, mais déjà se pointe le racolage télévisé. On m’assure : « Tu pourras parler. » A « Charlie », on m’encourage : « L’émission peut être une tribune. » Méfiant, j’accepte.

Le thème: «Trop de débauche ou trop de morale?» L’émission se tourne en direct et en public. En résumé, le débat va opposer des cathos intégristes et des libertaires dont je suis censé faire partie. D’emblée, je constate que les intégristes s’imposent en nombre écrasant. Il y a là le maire de Montfermeil et ses adeptes, tous arrivés en autocar. Avant que ça ne commence, dès mon arrivée, je me fais huer. La virulence est telle que j’annonce à Christophe Dechavanne que je m’en vais. Invités aussi: André Bercoff et Thierry Meyssan (qui n’a pas encore révélé sa vraie nature), pas rassurés non plus.

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Mais Dechavanne et ses assistants réussissent à nous convaincre de rester. Le débat est d’une violence inouïe. Mais le pire, c’est la bêtise des arguments sectaires et agressifs des catholiques d’extrême droite militants anti-avortement. Je suis consterné. De temps à autre, je tente un peu d’humour, mais ça ne fait qu’aggraver la situation. Finalement, je les interpelle ingénument: «Je ne sais pas pourquoi vous opposez ceux qui vont aux putes et ceux qui vont à la messe, puisque la plupart du temps, ce sont les mêmes!» Ils deviennent fous. Les insultes redoublent. J’ai signé là ma condamnation. L’émission se termine. Ouf!

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J’ai droit à l’ultime show: ce public d’illuminés tombe à genoux et se met à entonner un chant d’action de grâce!

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Je ne suis pas au bout de mon expérience avec ces gens qui prétendent qu’il faut s’aimer les uns les autres. Je sors de Radio France par la porte F, la «sortie des artistes », et… je les vois là, amassés, pas commodes. «Vous ne croyez pas que j’ai besoin d’une escorte jusqu’à mon scooter?» lancé-je aux vigiles. Ils rigolent,(...)


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