Philippe Claudel : « Libraires, désobéissez ! »

Philippe Claudel en 2005.
Philippe Claudel en 2005.

Il est de ceux qui pensent que les librairies devraient être un commerce classé comme essentiel. L'écrivain Philippe Claudel a lancé un appel aux libraires à résister à la fermeture obligatoire de leurs portes du fait du confinement. Il nous explique.

Le Point : Pourquoi cet appel ?

Philippe Claudel : On vit un moment curieux et difficile pour beaucoup d'entre nous. Ceux qui nous dirigent font face à une situation exceptionnelle, extraordinaire au sens le plus fort du terme. Il est de notre devoir de citoyens de faire des propositions et de tirer des sonnettes d'alarme. Les décisions à prendre par celles et ceux qui nous gouvernent ne sont pas faciles. Mais certaines décisions nous paraissent assez curieuses, et notamment cette fermeture des librairies à un moment où l'on essaye de promouvoir la culture, l'échange des idées. On incite les élèves à réfléchir une heure en classe sur la tolérance et l'esprit des Lumières, la critique, la pensée. Il est étrange que dans le même temps on ferme ces lieux de conversation, de circulation des idées et de rencontre des êtres que sont les librairies. C'est un paradoxe terrible ! Il faut également considérer une dimension économique qui me soucie beaucoup : nous avons en France la chance d'être un pays avec énormément de librairies. Les contraindre à la fermeture, c'est les exposer à des difficultés extrêmement grandes, et ouvrir un boulevard à des sites de vente en ligne qui récupèrent une part du marché, ce qui est ab [...] Lire la suite