Phénomène et malotru

Eric Rochant Showrunner du «Bureau des légendes», le cinéaste est aussi méfiant et attachant que ses espions.

Ça, il la tient sa légende, Eric Rochant. D’abord parce que sa série d’espionnage sur Canal +, le Bureau des légendes, est peut-être en train de devenir la meilleure de l’histoire de France (on ose). Ensuite parce que le gonze ressemble à s’y méprendre à son directeur du service des clandestins, un quinqua marlou et un peu fatigué à qui on ne la fait pas, joué par Jean-Pierre Darroussin. Ce soir d’avril, après un footing dans les labyrinthiques couloirs de la Cité du cinéma à Saint-Denis, on le gaule dans l’ascenseur en inox. L’idée d’une interview d’une heure et demie lui provoque une inspiration-expiration à enseigner dans toutes les écoles de relaxation.

Farouche, un tantinet bougon, Rochant ne sort du bois qu’avec parcimonie, lassé des assauts à la baïonnette d’une presse torpillant ses films depuis deux grosses décennies. Aux extrémités de son omelette pénitente, des œuvres d’espionnage. Les Patriotes, présenté à Cannes en 1994. Yvan Attal, imberbe et fluet, y devient un bidasse zélé de l’Unité 238 du Mossad. Un film panthéonesque pour qui connaît l’ombre du renseignement mais qui, étonnamment, accoucha d’un four. Pourtant, tout y est : le supérieur qui laisse dix minutes à son troufion pour qu’il siphonne le maximum d’infos à une cible, le cloisonnement interservices, le dévouement aux couleurs, l’art de la manipulation. Les Patriotes ou le plan drague de Rochant pour amadouer les espions du boulevard Mortier.

Ebahis par le réalisme du film, les formateurs de la DGSE le projettent encore aujourd’hui aux recrues. Cette auréole sera déterminante dans le choix de l’agence de collaborer à une fiction pour la première fois de son existence, ce qui est monnaie courante pour la CIA à Hollywood. A l’heure de l’incipit, le ton fut néanmoins comminatoire. Lorsque la «Dégé» apprend que Rochant ourdit une série sur ses infiltrés, Nicolas Wuest-Famose, l’ex-chargé de (...)

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