Peut-on tuer éthiquement dans un jeu vidéo ?

Lorsqu’elle joue à The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom, la journaliste Amelia Tait, du Guardian, n’a aucun problème à tuer des renards. Mais les loups, c’est une autre histoire… Elle “ne peut simplement pas”, écrit-elle dans le quotidien britannique, car “ils ressemblent trop à des chiens”. Les loups et les renards en question ne sont évidemment que des lignes de code.

Comme Amelia Tait, de nombreux joueurs ont des remords à effectuer certaines actions virtuelles, alors même qu’ils savent qu’elles n’auront aucune influence dans la vraie vie.

L’éthique de jeu est très personnelle, souligne le Guardian. Elle s’exprime souvent dans les détails. Certaines personnes ne tirent pas sur les chevaux dans Read Dead Redemption. L’association Peta a, elle, dénoncé le fait de capturer des insectes dans Animal Crossing.

Mais parfois, c’est le gameplay en lui-même qui pose problème. Comme celui de Pikmin, qui a écœuré un joueur que le quotidien britannique appelle Tom.

Dans la série Pikmin, le joueur recrute de mignonnes petites créatures qui l’aident à avancer. Il est possible de finir le jeu en les préservant, mais la logique interne pousse à les sacrifier.

Pour Tom, Pikmin a franchi une limite supplémentaire par rapport aux autres jeux. Il ne s’agit pas seulement de tuer pour se défendre mais de sacrifier, pour mon propre bien, la vie de ceux que j’ai recrutés.”

Pour avancer dans “Pikmin 4” (2023), il faut régulièrement sacrifier les petites créatures qu’on a recrutées tout au long du jeu.. PHOTO NINTENDO
Pour avancer dans “Pikmin 4” (2023), il faut régulièrement sacrifier les petites créatures qu’on a recrutées tout au long du jeu.. PHOTO NINTENDO

Les jeux à la violence explicite peuvent évidemment rebuter certains joueurs. Comme Seth Katz, 42 ans, qui refuse parfois de tuer pour prendre des niveaux dans le jeu de tir BioShock.

La question de savoir si les jeux vidéo rendent les joueurs violents dans la vraie vie n’a toujours pas de réponse consensuelle, après des décennies, explique le quotidien britannique.

“Bioshock” (2007), un FPS (jeu de tir en vue subjective). Dans le “Guardian”, un joueur explique que les jeux violents “ne [lui] laissent pas autant de temps [que d’autres jeux] pour réfléchir à des questions de morale car l’action est trop frénétique”.. PHOTO 2K
“Bioshock” (2007), un FPS (jeu de tir en vue subjective). Dans le “Guardian”, un joueur explique que les jeux violents “ne [lui] laissent pas autant de temps [que d’autres jeux] pour réfléchir à des questions de morale car l’action est trop frénétique”.. PHOTO 2K

Le chercheur Daniel Shafer, de l’université Baylor (Texas), spécialiste des médias, a découvert en 2012 que les joueurs pouvaient être soit “moralement actifs”, soit “moralement désengagés”.

Les joueurs désengagés sont susceptibles d’adopter des comportements de “méchants”, rapporte le Guardian. Avec la justification que “ce n’est qu’un jeu”.

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