Nos pets sentent mauvais à cause de cette bactérie, mais c’est ce qui nous protège

Intestin (image d’illustration).
SCIEPRO/SCIENCE PHOTO LIBRARY / Getty Images/Science Photo Libra Intestin (image d’illustration).

SANTÉ - Un parfum de nouveauté. Dans une étude parue dans la revue Nature communications, une équipe de chercheurs de l’université de Vienne vient de démontrer l’existence d’une nouvelle bactérie qui loge dans nos entrailles. Cette dernière est une fabrique à mauvaises odeurs, et le pire, c’est qu’il faut l’en remercier.

Taurinivorans muris, c’est le nom de notre locataire, a un régime alimentaire très particulier. Comme son nom l’indique, elle consomme de la taurine, et exclusivement de la taurine. Les vertus de cet acide aminé en font une composante essentielle des boissons dites « énergisantes », comme le Red Bull.

Mais la taurine est aussi produite naturellement par notre corps, et une alimentation normale en contient également. Prise en quantité raisonnable, elle est extrêmement utile pour fournir de l’énergie mais également pour réguler nos fluides internes, comme la bile.

Oeuf pourri contre oxygène

En dépit de ses avantages, la taurine doit elle-même être régulée, et c’est là que la flore de notre intestin joue un rôle essentiel et odorant. Dans les milliards de bactéries que contient notre flore intestinale, Taurinivorans muris est là pour dégrader le dérivé d’acide aminé qu’est la taurine. En d’autres termes : la consommer pour la transformer en autre chose, comme le font toutes les bactéries. Or ce que rejette T. muris, est un gaz bien connu de nos narines, le sulfure d’hydrogène, à la fragrance d’œuf pourri si facilement identifiable

Notre intestin est donc empuanti par la gloutonnerie de la nouvelle bactérie, mais pour notre bien. Non seulement son action régule la taurine, mais la présence de sulfure d’hydrogène dans nos entrailles nous protège de certains hôtes indésirables. Par exemple, les bactéries Klebsiella (responsable d’une partie des infections urinaires) et Salmonella (responsable de nombreuses maladies, de la typhoïde à la gastro-entérite) n’aiment pas du tout le fameux gaz malodorant.

Ce n’est pas que ces bactéries ont le nez sensible mais comme d’autres, elles ont besoin d’oxygène pour se développer. Un gaz qui se trouvent aussi dans notre corps mais qui, une fois mélangé avec le sulfure d’hydrogène de T. muris, n’est plus utilisable. Si la chimie de notre corps est complexe et le composé formé dans l’intestin encore étudié de près, la consommation d’oxygène de ces bactéries est en tout cas inhibée par la présence de sulfure d’hydrogène (H2S). Et pas d’oxygène pour Salmonella… Pas de Salmonella.

Pour cette protection, il faut donc remercier T. muris et son action de dégradation de la taurine. Il n’y a pas qu’elle qui produise des gaz aux relents désagréables mais reconnaissons-le : les mauvaises odeurs qui se cachent dans notre corps (ou s’en échappent à l’occasion) peuvent aussi être nos amis.

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