Petits conseils internes d'UBS pour draguer les grosses fortunes en France

Le siège américain de l'Union des banques suisses, à Stamford dans le Connecticut.

Selon l'instruction en cours, la banque suisse organisait de façon assez précautionneuse la quête de clients dans l'Hexagone.

L’enquête pénale ouverte en 2012 à Paris contre l’Union des banques suisses (UBS) entre dans sa dernière ligne droite, et l'on commence à en apprendre de bonnes, selon divers éléments du dossier obtenus par Libération. L’UBS est mise en examen, en tant que personne morale, pour «démarchage bancaire illicite» (le moyen utilisé) et «blanchiment de fraude fiscale» (le but poursuivi), mais reste présumée innocente à ce stade, nonobstant une caution record de 1,1 milliard d’euros. Un de ses anciens dirigeants, Raoul Weil, en charge de la gestion de fortune à l’échelle de la planète (global wealth management, en jargon bancaire mondialisé), a été mis en examen fin septembre par le juge d’instruction parisien Guillaume Daieff, tandis que trois autres actuels tauliers de la banque – visés par un mandat d’arrêt international – n’osent plus quitter la Suisse.

«Instructions hypocrites»

L’UBS n’ayant pas le droit de traquer en France les candidats à l’évasion fiscale, ses directives internes confient leur suivi à sa filiale hexagonale, UBS-France, avec pour simple tâche de les conseiller en matière de prestations bancaires basiques. Mais avec interdiction de démarchage direct par UBS-AG, la maison mère helvétique, susceptible de les faire franchir le Léman. Des salariés français de la banque ont toutefois témoigné de l’omniprésence de leurs homologues suisses – un document interne d’UBS distinguant les «hunters» des «gatherers» («chasseurs» et «rassembleurs»). «Quand un chargé d’affaires suisse venait en France, je donnais des consignes strictes pour qu’il ne rencontre pas nos clients», assure l’un. Un collègue se souvient d’un autre, envoyé depuis Lausanne «assez souvent à Paris, dans les rues adjacentes du siège d’UBS Paris, [nous] présentant des personnalités françaises qu’il connaissait».

L’entrisme suisse en France se faisait souvent à (...)

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