"Petite Fille" : le combat d'une mère

"Quand je serai grand, je veux être une fille", disait Sasha à sa mère à 3 ans. L'enfant pressentait déjà que la nature lui avait joué un vilain tour en lui assignant un corps de garçon à la naissance. Le temps n'a fait qu'affermir son sentiment. C'est une gamine de 7 ans presque ordinaire qu'on rencontre dans Petite Fille, le nouveau documentaire de ­Sébastien Lifshitz, qui l'a suivie une année durant dans sa vie quotidienne et dans le combat pour la reconnaissance de son identité mené par sa mère. À commencer par l'école, dont l'obstination et la lâcheté à nier la réalité révoltent un spectateur vite acquis à sa cause : voir la fillette se mouvoir, qu'elle danse ou joue chaussée d'escarpins, suffit à reconnaître que sa "différence" relève du bon sens.

Petite Fille fait partie de ces œuvres qui tordent le cou avec délicatesse aux idées reçues et bouleverse sans effets de manches. Une œuvre qui a le mérite de s'emparer d'un sujet jamais véritablement traité à l'écran : la dysphorie de genre, terme scientifique donné à un sentiment d'inadéquation au sexe assigné. Sans doute parce qu'il est casse-gueule, sans doute aussi parce qu'il est méconnu.

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Lifshitz lui-même, dont l'essentiel de la filmographie est consacré aux minorités sexuelles, ignorait qu'un tel malaise pouvait se ­manifester si tôt. "Bêtement, j'imaginais que la dysphorie se vivait plutôt à l'adolescence, au moment de la puberté, explique-t‑il. L'idée du film est venue d'une discussion avec Bambi, l'u...


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