Ce tout petit poisson est plus bruyant qu’un marteau-piqueur et ces scientifiques savent enfin pourquoi

ANIMAUX - Ce tout petit poisson fait à peu près la taille de ongle d’un pouce mais il est l’un des animaux les plus bruyants de la Terre. Avec une puissance qui peut atteindre les 140 décibels, le Danionella cerebrum émet dans l’eau un son aussi sonore qu’un coup de feu.

D’après une nouvelle étude parue sur le journal PNAS le 26 février, ce poisson microscopique a affiné une technique vraiment unique, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête de cet article. En regardant à travers leurs corps transparents, les chercheurs ont pu analyser de près comment il arrive à émettre un tel bruit. Et leur instrument n’est rien d’autre que leur corps même.

C’est un peu comme si ces poissons jouaient du tambour avec leurs organes. En effet, sous l’eau, les animaux ne peuvent pas produire des cris de la même façon que sur Terre, où le son est propagé dans l’air. Les poissons se servent alors généralement d’un organe nommé vessie natatoire, un sac rempli de gaz situé dans la partie supérieure de l’abdomen nécessaire pour la flottaison. Cette vessie est faite vibrer par les contractions de muscles « sonores ».

Comme un élastique

Or, dans notre petit poisson, les muscles sonores ne sont pas directement liés à la vessie. Pour produire ces sons impressionnants, les Danionella cerebrum combinent alors le mouvement d’un muscle spécialisé, d’une côte et du cartilage. En se contractant, le muscle sonore tire à l’avant la côte qui par conséquent tire avec elle le cartilage.

Telle une sorte d’élastique, ce tissu, une fois relâché, frappe rapidement la vessie natatoire, produisant une pulsation courte et puissante. Lorsque le muscle se relaxe, la pression sur la vessie est relachée, et un autre battement beaucoup plus doux est produit par le cartilage qui retourne à sa position initiale.

En s’éloignant de l’animal, ce son s’atténue mais reste bruyant : à un mètre de distance il atteint les 108 décibels, c’est-à-dire aussi fort qu’un bulldozer. Si à l’oreille humaine, ces sons semblent plutôt comme un bourdonnement constant, c’est parce que dans les bassins les ondes sonores sont reflétées par les parois.

Privilège masculin

Les muscles spécialisés sont particulièrement efficaces car ils disposent d’une large quantité d’énergie directement dans leur tissu et ne demandent donc pas trop d’effort au petit poisson. Ces animaux peuvent ainsi produire de longues « phrases », qu’ils utilisent selon les scientifiques pour parler entre eux. Cette espèce vit en effet dans les eaux troubles du Myanmar et elle aurait ainsi développé une technique de communication à visibilité réduite.

Cette capacité remarquable est néanmoins un privilège masculin, puisque les mâles disposent de côtes beaucoup plus larges que celles des femelles, leur permettant d’activer ce mécanisme. Par ailleurs, certains spécimens sont plus bruyants que d’autres. D’après les chercheurs, il y aurait alors une sorte de hiérarchie entre les poissons.

« Lorsqu’il y a environ huit mâles ensemble dans un grand réservoir, trois d’entre eux domineront la production sonore et les autres resteront silencieux, » a expliqué Verity Cook, auteure principale de l’étude, à BBC News.

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