Pesticides : pourquoi le changement d’indicateur annoncé par Gabriel Attal provoque la colère des scientifiques

Le 21 février 2024, le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé l’abandon de l’indicateur français NoDU d’usage des pesticides pour celui de l’Union européenne HRI-1. Une décision qui va fausser les calculs, dénoncent des scientifiques spécialistes des pesticides.

Créé en 2013 pour accompagner le plan EcoPhyto de réduction de l’utilisation des pesticides en agriculture, l’indicateur "Nombre de doses unités" (NoDU) a vécu. À la demande des syndicats agricoles, la méthode française de calcul des épandages de pesticides sera désormais remplacée par "l’indicateur de risque harmonisé" (HRI-1) défini en 2019 par une directive européenne.

"L’indicateur européen arrange principalement les producteurs de pesticides"

La décision a provoqué la colère des organisations environnementales, mais aussi des scientifiques spécialistes de ces questions et d’ingénieurs travaillant dans des organismes techniques de filières de production. Bien qu’imparfait, le NoDU reflétait en effet plus fidèlement les usages des pesticides que le HRI-1. "L’indicateur européen arrange principalement les producteurs de pesticides parce qu’il ne donne qu’une idée des tonnages utilisés dans les champs sans prendre en compte l’efficacité et potentiellement la toxicité des différents produits", dénonce ainsi Corentin Barbu, chargé de recherche sur le contrôle des ravageurs à l’Institut national de recherche sur l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae).

Évaluer la consommation des pesticides est une gageure. Herbicides, fongicides, insecticides ne visent pas les mêmes cibles et nécessitent donc des degrés de toxicité différents. Par ailleurs, les cultures n’ont pas les mêmes faiblesses face aux ravageurs. Les champignons représentent certes une grande majorité des dégâts causés, mais le maïs par exemple est bien plus sensible aux insectes, tandis que les herbicides sont très utilisés sur le blé tendre, le colza, l’orge.

La météo joue également son rôle. Un exemple : les années humides impliquent des traitements plus nombreux contre le mildiou de la vigne. Enfin, les industriels de l’agrochimie proposent des molécules qui sont actives à des doses plus faibles avec en contrepartie une plus grande toxicité. Une baisse des volumes vendus ne signifie donc p[...]

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