Perruque, cascades et comédie: dans les coulisses de "Jack Mimoun", la première comédie d'aventure de Malik Bentalha

Détail de l'affiche de
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Depuis 2019, il avait disparu des radars. Mais c'était pour mieux préparer son grand retour - et le projet le plus ambitieux de sa carrière. À 33 ans, Malik Bentalha sort ce mercredi Jack Mimoun et les secrets de Val Verde, une comédie d'aventure dans la lignée d'Indiana Jones, dont il est le héros, mais aussi le co-scénariste et le co-réalisateur.

Malik Bentalha incarne le rôle-titre, un aventurier star de la télé, contacté par la mystérieuse Aurélie Diaz (Joséphine Japy) pour se rendre sur l'île de Val Verde à la recherche du trésor du pirate La Buse. Ils sont flanqués dans leur quête de Bruno Quézac (Jérôme Commandeur), le manager de Jack Mimoun, et du mercenaire Jean-Marc Bastos (François Damiens).

"Le renouveau du cinéma passera par de l'honnêteté"

Pour Malik Bentalha, Jack Mimoun est le film de la maturité, "pour montrer aux gens qu'il a grandi": "Le confinement a servi de période d'introspection. Je me suis demandé ce que je voulais faire dans les années à venir. J'ai essayé de comprendre l'évolution du cinéma. Et je me suis dit, le renouveau du cinéma passera par l'honnêteté".

Ainsi est née cette superproduction au budget de 12-13 millions d'euros, sa première réalisation, inspirée par les films de chevet de son adolescence:

"C'est comme ces films de combat où le personnage s'embourgeoise et retrouve la flamme en revenant à ses premières amours et à sa première salle, avec son premier coach."

Ce projet est aussi une façon pour lui de mieux contrôler les films dans lesquels il joue: "Je reconnais certaines faiblesses dans ma manière d'analyser le métier quand j'étais plus jeune. Quand on arrive dans ce métier, on veut exister. Et exister, c'est tourner vite, avoir des projets en avance."

"Au service des acteurs qui me font kiffer"

Jack Mimoun aurait pu tourner au projet égocentrique, mais c'est tout l'inverse qui se produit à l'écran. Malik Bentalha, dont le personnage disparaît une vingtaine de minutes du film, se fait voler la vedette par Jérôme Commandeur et François Damiens, tous les deux irrésistibles: "Et ça me va parfaitement. On a écrit le film comme ça."

"Je ne veux pas faire le faux modeste", ajoute-t-il, "mais j'ai découvert avec la réalisation que j'adorais me mettre ainsi au service des acteurs qui me font kiffer. Au Barça, il y avait Messi, mais qu'est-ce j'aimais Xavi et Iniesta, ces travailleurs de l'ombre, ce boulot de milieu de terrain."

Cette sincérité se retrouve à l'écran. La mythologie qui entoure le trésor du pirate La Buse, une figure historique qui a inspiré le manga One Piece, est fidèlement retranscrite à l'écran. Comme Les Aventuriers de l'arche perdue, Jack Mimoun s'appuie sur une histoire réelle, suggérée par l'un des scénaristes, Florent Bernard, qui s'était déjà inspiré de La Buse pour une vidéo réalisée avec Golden Moustache.

"Il n'y a pas que Tom Cruise"

Malik Bentalha s'est beaucoup investi dans ce projet. "J'ai tout arrêté dans ma vie pour ne faire que ça. J'ai mis ma santé à rude épreuve, parce que j'ai voulu enfin faire un projet en étant investi à 1000%. Les autres, j'étais investi sur le moment, mais mon esprit était pris par des projets qui arrivaient après. Je n'étais pas focus."

L'humoriste s'est aussi composé un personnage grotesque d'aventurier un peu has-been. Il a pris dix kilos pour le rôle et s'est collé sur le crâne une moumoute ridicule, inspiré par le brushing de Richard Gere: "La perruque me permettait de protéger mon cuir chevelu lors des scènes d'action." Il ne s'est pas blessé sur le tournage: "Il n'y a pas que Tom Cruise, maintenant, il faudra compter sur Malik!"

Jack Mimoun mêle les scènes de comédie et les séquences d'action. Et ce dès l'une des premières scènes, où le personnage se bat avec un boa: "Si on veut que le public croie au personnage, il faut que le film démarre avec une image forte. On ne peut pas juste avoir Malik avec une perruque qui se promène, et dire qu'il est une star de l'aventure."

"Un calendrier de l'avent"

Hommage aux films d'aventure des années 1980, Jack Mimoun est truffé de de clins d'œil. L'île de Val Verde est ainsi "une référence au scénariste américain Steven E. de Souza, qui a créé cet univers fictif que l'on retrouve dans pas mal de films comme Commando, Predator ou 58 minutes pour vivre", explique Malik Bentalha.

"Il y a 150 références dans Jack Mimoun!", assure l'acteur-réalisateur, qui a multiplié les allusions à Indiana Jones, Jurassic Park et L'Homme de Rio. "On voulait que le film soit un calendrier de l'avent, que tout soit une référence. Rio ne répond plus a été mon film de chevet pour réussir ça."

La musique est aussi parodique. L'Aventurier d'Indochine retentit au début du film. Dans une autre scène, située dans un hélicoptère, Malik Bentalha souhaitait utiliser Je ne suis pas un héros de Daniel Balavoine, mais elle a été coupée au montage: "Ça ne marchait pas trop dans la narration."

Le prénom de son personnage, Jack, est enfin un clin d'œil à Jack Burton, héros peu dégourdi campé par Kurt Russell dans Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin (1986). Mimoun est en revanche une totale invention. "C'est sorti de ma tête comme ça. Je n'ai aucune explication. Je trouvais que ça claquait bien."

Bientôt la suite de "Jack Mimoun"?

Le tournage, qui s'est déroulé en Thaïlande, en pleine pandémie, n'a pas été évident. "J'ai vécu ça comme une mission commando pour que ce soit parfait pour le public." Et malgré la pression, Bentalha a pu compter sur le soutien de son co-réalisateur Ludovic Colbeau-Justin. "J'ai été très bien accompagné. Sans Ludovic, je n'y serai pas arrivé."

"Je sais que dans le cinéma des gens ont du mal à mettre le nom des co-réalisateurs", insiste encore l'humoriste. "Ils masquent ça [au générique] avec la mention 'conseiller technique'. Je ne pourrais jamais le faire, surtout que je l'ai vu sauter habillé dans un marécage pour aller chercher un câble!"

C'est surtout lors de la post-production, au moment de fabriquer la forme finale du film, que Malik Bentalha s'est révélé à lui-même. "Je me suis découvert une passion pour le montage son, pour la post-synchronisation. Juste avant le début de la tournée, je suis retourné en montage pour ajouter le bruit d'un pas qui n'était pas assez fort."

A l'approche de la sortie, il reste philosophe. "Maintenant, advienne que pourra. Si je meurs, je meurs avec mes armes - artistiquement, en tout cas. Le jour de la sortie, j'essayerais d'aller un peu loin pour couper un peu de l'angoisse des chiffres du premier jour."

Malik Bentalha envisage ensuite de poursuivre les aventures de Jack Mimoun au cinéma, tout en réfléchissant à un autre film, qu'il espère aussi inattendu que son premier essai. "J'ai l'idée des deux. Je veux surprendre le public. Mais pour l'instant, je n'ai aucun projet concret."

Article original publié sur BFMTV.com