Les performances “cauchemardesques” des nouvelles IA génératrices de musique

“La vision cauchemardesque qui vise à dissocier de ses réalisations artistiques la part problématique, indésirable et méprisée de l’humanité, est sur le point de se concrétiser.”

Vernon Reid

musicien américain

“Étonnement, stupeur, effroi” : telles sont les réactions que le guitariste et auteur-compositeur américain Vernon Reid, d’origine afro-caribéenne, raconte avoir eues à l’écoute d’un morceau de blues composé par Suno, une intelligence artificielle (IA) programmée pour générer de la musique et développée par une start-up du Massachusetts.

Un journaliste du magazine américain Rolling Stone avait demandé à Suno, en guise de test, de générer la complainte d’une IA, en version acoustique et dans le style du Delta blues, typique du delta du Mississipi. Les paroles ont été fournies par Chat GPT, et Suno (dont la V3 vient d’être lancée) a fait le reste – pour un résultat techniquement bluffant, de l’avis du journaliste et de Vernon Reid lui-même.

Le pire est-il sûr ?

Mais c’est bien le problème. Posté notamment sur SoundCloud, le morceau Soul of a Machine “est devenu viral, a été écouté plus de 36 000 fois en quatre jours [51 300 fois treize jours plus tard, le 29 mars], et a suscité un débat sur l’appropriation culturelle, les données qui ont servi à entraîner Suno (la start-up est restée avare de précisions) et l’effet de la technologie sur les artistes humains, entre autres”, rapporte Rolling Stone dans un autre article.

Vernon Reid, 65 ans, connu entre autres comme le fondateur du groupe de fusion Living Colour, s’inquiète de la “troublante authenticité” du morceau, dans un genre musical, le blues, pourtant “si profondément enraciné dans l’histoire des Noirs américains, l’esclavage et les traumatismes historiques de l’humanité”.

L’expérience lancée par Rolling Stone a eu aussi pour résultat de démontrer que les IA génératrices de musique avaient fait des progrès fulgurants, et semble-t-il rattrapé une bonne partie du retard qu’elles avaient sur les générateurs de textes, d’images et de vidéos.

Un constat que partage The Economist. Stable Audio (de la start-up londonienne Stability AI), MusicGen (Meta), MuseNet (OpenAI), RX (de la start-up berlinoise Native Instruments)… “Une nouvelle génération d’algorithmes générateurs de musique a débarqué”, titre le magazine britannique. Qui, lui, refuse tout catastrophisme. Loin de craindre une disparition des artistes humains, il juge plutôt que les IA pourraient seconder ces derniers, leur faciliter la tâche et finalement peut-être doper leur créativité.

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :