Pentathlon moderne: Clouvel et Belaud, un couple à l’écart pour viser l’or

"Avant, on s’entraînait dans la piscine de l’Insep, uniquement avec des sportifs de haut-niveau. Aujourd’hui, avec Élodie, quand on va à l’espace Pierre-Brossolette de Saint-Maur, on partage le bassin avec le public. Des gens qui viennent s’amuser et profiter et on doit nager au milieu de tout le monde", s’amuse Valentin Belaud. Mais le double champion du monde de pentathlon moderne en avait besoin.

"J’aime bien ne pas avoir trop de pression et être incognito", sourit-il.

Le pas de côté de cet ancien cavalier de la garde républicaine était salvateur. "On a décidé avec Élodie en octobre dernier d’être en autonomie, de changer et partir de l’Insep", explique-t-il. Décision commune avec sa compagne Élodie Clouvel, figure de proue du pentathlon moderne depuis sa médaille d’argent à Rio en 2016. "J’en avais besoin pour ne pas avoir de regret et me sentir épanouie au quotidien. J’avais cette envie de renouvellement après quinze ans passés à l’Insep et c’est une évidence de nous retrouver avec Valentin".

Belaud face à Cannone pour travailler son escrime

Élodie Clouvel en avait aussi besoin après des mois difficiles, de dépression confessera-t-elle a posteriori. A l’approche des Jeux olympiques de Tokyo 2021, la jeune femme n’était pas bien. "Avec un Covid long, je suis arrivée au Japon en difficulté. Je termine 6e, et c’est très bien, j’ai donné le maximum mais après une médaille d’argent c’est évidemment une grosse déception". Victime de problèmes personnels dans les mois qui suivent, elle finit par avoir besoin de changement.

Valentin Belaud n’aura aucun mal à la suivre. Sans crainte de ne plus être dans la ruche de l’Insep où la confrontation et la compétition sont présentes au quotidien? "La confrontation, je la connais depuis 20 ans. Je suis en Pôle espoirs depuis mes 14 ans. Ma volonté, c’était de me recentrer sur moi-même. Je me connais très bien désormais et je voulais quelque chose de personnalisé au maximum. Je peux switcher en arrivant en compétition. Et puis si je veux de la concurrence, je suis au club de Saint-Maur: en escrime je tire face à Romain Cannone (champion olympique 2021 de l’épée), il y a pire non?"

En bonne(s) position(s) pour les Jeux

Le couple vit donc ce changement de vie en parfaite harmonie, même si les débuts n’ont pas été idéaux à l'amorce de l’hiver pour Valentin Belaud.

"Il a fallu quelques mois pour digérer tout ça mais dès la première compétition, j’ai senti que les feux étaient au vert", se souvient-il.

En ce début avril, ni Clouvel ni Belaud n’ont leur ticket pour Paris 2024. Et le couple est sous pression puisque Valentin Prades et Marie Oteiza ont tous les deux obtenu un quota pour les Jeux. Même si leur sélection n’est pas officielle, il y a 99% de chances qu’ils y soient. Il ne reste donc plus qu’une place chez les hommes et une chez les femmes.

Élodie Clouvel relativise ce stress. "L’objectif c’est de faire une belle étape de coupe du monde à Ankara, puis à Budapest, marquer des points. J’essaie de rester sereine, d’être dans l’instant et de ne pas me mettre une pression folle". Son compagnon fait aussi preuve de tranquillité au vu de son palmarès récent. "J’ai déjà engrangé des points au ranking mondial, et étant le seul Français finaliste des championnats du monde et de la dernière étape finale de Coupe du monde, j’ai pas mal d’avance sur la concurrence".

Encore loin des Égyptiens et des Britanniques?

Des faits avérés et confirmés par le DTN de la Fédération française de pentathlon moderne, Christian Roudaut. "Élodie est une athlète qui a énormément de résultats, elle est dans la course mais attention à la petite jeune Rebecca Castaudi, double championne du monde juniors: elle est en train de monter, il y aura bagarre".

Et chez les hommes, derrière Prades et son quota olympique, la guerre fait rage mais Belaud se détache. "Ils sont quatre ou cinq, mais Valentin est très régulier sans aucun doute. Il y a une bonne dynamique d’ensemble". Belaud squatte en effet les top 8 des étapes de Coupe du monde depuis des mois. "Beaucoup aimeraient obtenir ces résultats, mais il y a des caps à franchir car je vise le podium. Pour être sur la boîte, il me manque une épreuve à chaque fois. Je réussis sur quatre épreuves et je suis moins bien sur une. Je dois progresser là-dessus pour passer devant les Égyptiens et les Britanniques".

La Fédération attend beaucoup de ses pentathlètes après le zéro pointé au tableau des médailles de Tokyo 2021, et c’est également après ce bilan catastrophe que tout le collectif s’est émietté. Clouvel et Belaud, main dans la main, ont pu s’éloigner un peu du cocon de l’Insep, sans pour autant bouder les rassemblements et l’équipe de France.

Article original publié sur RMC Sport