Pendant la pandémie de Covid, l’armée américaine à l’origine d’une propagande « antivax »

Pendant la pandémie de Covid, l’armée américaine à l’origine d’une propagande « antivax »
Armée américaine Pendant la pandémie de Covid, l’armée américaine à l’origine d’une propagande « antivax »

SANTÉ - Le mouvement « antivax » et son scepticisme à tous crins se nourrit décidément à des sources inattendues. Une enquête signée de l’agence de presse américaine Reuters parue le 14 juin vient à nouveau de le démontrer, en pointant du doigt l’étonnant responsable d’une propagande antivaccin durant la pandémie de Covid : l’armée américaine.

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Pour comprendre comment cela a pu avoir lieu, il faut se replonger dans un temps qui paraît aujourd’hui bien reculé. Nous sommes au début de l’été 2020. Le Covid fait rage depuis plusieurs mois ; les pays du monde entier se sont confinés face à ce virus que quinze millions de personnes ont déjà contracté malgré les gestes barrières. L’avenir semble bien sombre, en dehors d’un espoir, celui d’un vaccin qui n’est déjà plus hypothétique.

La course au traitement préventif est allée à toute vitesse, en partie appuyée sur les recherches existantes contre Mers et Sras, deux autres coronavirus aux effets régionaux ravageurs. Pfizer, AstraZeneca, Moderna sont déjà à quelques mois de l’autorisation de mise sur le marché, mais ils ne sont pas les seuls. De l’autre côté du monde, il y a les Russes avec Spoutnik V, mais aussi les laboratoires chinois Sinopharm et Sinovac. Eux aussi sont en phase III des essais cliniques, soit la dernière marche avant la commercialisation.

L’armée américaine dénigre le vaccin chinois

C’est à ce moment critique, révèle l’enquête de Reuters, que l’armée américaine a lancé une campagne de dénigrement du (futur) vaccin. Mais pas n’importe où : aux Philippines. Et pas contre n’importe quel vaccin : le traitement le plus avancé de Pékin, Coronavac, du labo Sinovac. Sur le réseau social alors appelé Twitter, des centaines de comptes (l’agence de presse en a identifié 300, mais il y en a vraisemblablement d’autres) ont ainsi commencé à publier d’étranges mises en garde, comme celle ci-dessous.

L’homme qui parle est le président philippin Dutrerte : « La Chine, nous en premier ! Je vous donnerai plus d’île , de compagnies privées et de sables noirs [prisé par l’industrie chinoise] »
Au-dessus, le commentaire est : « C’est cela que vous voulez ? Le Covid vient de Chine, et les vaccins viennent de Chine »
Reuters L’homme qui parle est le président philippin Dutrerte : « La Chine, nous en premier ! Je vous donnerai plus d’île , de compagnies privées et de sables noirs [prisé par l’industrie chinoise] » Au-dessus, le commentaire est : « C’est cela que vous voulez ? Le Covid vient de Chine, et les vaccins viennent de Chine »

Des messages qui mettent en cause à la fois les intentions chinoises avec leur vaccin à venir, la provenance du virus, et plus généralement les efforts pour lutter contre le Covid. L’un des messages précise ainsi : « Masques respiratoires, vaccin : FAKE. Mais le virus est bien réel ». Et si tout n’était pas clair, les tweets étudiés portent tous le hashtag #ChinaAngVirus, à traduire par « La Chine est le virus ».

Tout cela, donc serait issu d’une initiative du département américain de la défense. Pourquoi ? Pour contrer l’omniprésence de la Chine aux Philippines, dont le dernier avatar était justement la promesse d’un vaccin pour les Philippins. Si l’armée américaine s’est refusée à tout commentaire, les enquêteurs ont appris de l’administration Biden, qui a pris la suite de celle de Donald Trump, qu’elle a décidé d’arrêter cette opération de désinformation… au printemps 2021.

À cette époque, les vaccins sont déjà sur le marché. S’il est impossible de dire quels dégâts a fait cette propagande antivax, on ne peut que supposer qu’elle a contribué à renforcer la part de Philippins refusant le vaccin, voire contribué au scepticisme qui a touché une part de la population mondiale.

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