Yahoo Actualités Peine de mort : en Iran, Amnesty International alerte sur une explosion des exécutions en 2023
INTERNATIONAL - C’est le pire bilan depuis 2015. Dans son rapport annuel sur le recours à la peine de mort dans le monde publié ce mercredi 29 mai, l’association de défense des droits humains Amnesty International recense 1 153 exécutions en 2023. Cela représente une hausse de 31 % par rapport aux 883 exécutions enregistrées en 2022, due essentiellement à un pays : l’Iran.
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Téhéran, qui se rapproche de la Chine et de la Russie tandis que sa relation se tend encore un peu plus avec Israël en marge de la guerre à Gaza, a procédé à 853 exécutions en 2023, soit un bond de 48 % par rapport à 2022. « Ce chiffre représentait approximativement 74 % du total relevé pour le monde entier », met en exergue Amnesty International dans son étude.
« Les autorités iraniennes ont fait preuve d’un mépris total pour la vie humaine », a souligné la secrétaire générale d’Amnesty International Agnès Callamard, citée dans un communiqué.
La majorité des condamnations liée aux stupéfiants
Autre source d’inquiétude pour l’ONG : les motifs, de plus en plus nombreux, évoqués par l’Iran pour justifier les condamnations à mort. « Sur les 853 exécutions comptabilisées en Iran, au moins 545 étaient liées à des actes qui ne devraient pas être passibles de la peine de mort au regard du droit international », rapporte ainsi Amnesty International, qui souligne que 56 % des condamnations sont liées à une infraction de la législation sur les stupéfiants.
Si la majorité des mises à mort sont le fruit de condamnation pour infraction liée aux stupéfiants ou pour meurtre, 38 personnes ont été exécutées pour « inimitié à l’égard de Dieu » ou « corruption sur terre », et au moins 22 personnes pour adultère, comme vous pouvez le voir sur le graphique ci-dessous :
Le recours à la peine capitale concerne également davantage les hommes que les femmes. Elle a été prononcée pour 821 Iraniens, contre 24 Iraniennes et huit personnes dont le genre est inconnu. Amnesty International a également recensé cinq exécutions de personnes qui étaient mineures au moment des faits qui leur étaient reprochés, et un jeune homme a été exécuté à seulement 17 ans.
Répandre la peur après le soulèvement « Femme. Vie. Liberté »
Pour Amnesty International, cette hausse des condamnations reflète, entre autres, une volonté du gouvernement iranien de répandre la peur au sein de la population en réaction du soulèvement « Femme. Vie. Liberté », provoqué par la mort de Mahsa Amini en septembre 2022. Les autorités ont ainsi eu recours à la peine de mort pour punir au moins six personnes ayant participé aux manifestations nationales qui s’opposaient à l’idéologie de la République islamique.
Outre l’Iran, le nombre d’exécutions enregistrées a également augmenté aux États-Unis, en Somalie et au Yémen en 2023 par rapport à 2022, souligne Amnesty International. Quant à la Chine, la Corée du Nord et le Vietnam, le « recours au secret d’État et à d’autres pratiques restrictives » ont empêché l’ONG d’évaluer précisément l’utilisation de la peine de mort.
Des améliorations sont en revanche soulignées par Amnesty International : la peine capitale a été abolie au Pakistan et le nombre d’exécutions a diminué en Arabie saoudite, en Égypte et à Singapour. Mais le fait que le nombre de mises à mort a atteint son niveau le plus élevé depuis près d’une décennie montre bien que le chemin vers l’abolition de la peine de la mort dans le monde reste encore très long.
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