Pédocriminalité dans l'Église : 131 victimes ont eu une réparation financière
L'Église a indemnisé en moyenne de 38.000 euros plus de 130 victimes de pédocriminalité, d'après un rapport publié par une instance religieuse spécialisée.
En 2022, 131 victimes de pédocriminalité dans l'Église ont obtenu une réparation financière, pour un montant moyen de 38.000 euros, selon le premier rapport annuel de l'Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr) publié jeudi.
Cette structure propose des réparations aux victimes de prêtres ou laïcs dans les diocèses, établissements ou mouvements de jeunesse catholiques, etc, (à l'exception des congrégations). Sa création avait été décidée par l'épiscopat en novembre 2021 peu après la publication du rapport choc de la commission Sauvé sur la pédocriminalité dans l'Église catholique depuis 1950.
69% d'hommes
Au 31 décembre 2022, 1133 personnes s'étaient adressées à l'Inirr, dont 69% sont des hommes, selon le rapport, transmis à la presse.
La moyenne d'âge est de 63 ans. Toujours à cette date, 142 personnes avaient obtenu une décision du collège de l'Inirr, après traitement de leur situation et accompagnement par un référent. 131 personnes ont demandé et obtenu une réparation financière, selon le rapport.
"Le montant moyen de la réparation financière était de 38.000 euros", poursuit l'Inirr, qui indique que sur les 131 décisions rendues, "33 accordent le montant" de 60.000 euros, soit la réparation maximum fixée par l'Inirr.
Dans le détail, 34% des personnes victimes "ont reçu entre 40.000 et 60.000 euros", "48% entre 20.000 et 39.000" et "18% entre 9000 et 19.000" euros.
Par ailleurs, le rapport montre que "plus de 60 % des situations étudiées en collège concernent un ou des viols". "La majorité des violences sexuelles portées à la connaissance de l'Inirr sont graves et s'inscrivent dans le temps. 58 % des situations de violences sexuelles se sont poursuivies plus d'un an, et 21 % ont duré plus de cinq ans."
Entre 6 et 15 ans
L'âge des victimes, au début des violences sexuelles, "est polarisé entre six et 15 ans".
Par ailleurs, 24% des violences sexuelles "se sont déroulées dans un cadre scolaire (dont internat)", 17% au catéchisme ou dans une aumônerie et 16% dans des mouvements de jeunesse.
L'Inirr a par ailleurs proposé aux victimes une "réparation symbolique: médiation restauratrice, art-thérapie, biblio-créativité", etc.
Alors que des collectifs de victimes ont critiqué la lenteur, à leurs yeux, de la montée en charge du dispositif, la présidente de l'Inirr Marie Derain de Vaucresson, a souligné auprès de l'AFP "l'hyper personnalisation" mise en place par son équipe, s'agissant à la fois "de l'accompagnement et de la construction des réponses".
"On n'est pas exempt ni de critiques, ni de points à améliorer", a-t-elle dit.
Article original publié sur BFMTV.com
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