Pause opérationnelle dans l'offensive contre Mossoul en Irak

Des véhicules militaires des Forces d'opérations spéciales irakiennes à Mosoul. L'offensive menée par les forces armées irakiennes contre la ville de Mossoul, contrôlée par le groupe Etat islamique (EI), est dans une phase programmée d'ajustement opérationnel. /Photo prise le 14 décembre 2016/REUTERS/Alaa Al-Marjani

par Stephen Kalin ERBIL, Irak (Reuters) - L'offensive menée par les forces armées irakiennes contre la ville de Mossoul, contrôlée par le groupe Etat islamique (EI), est dans une phase programmée d'ajustement opérationnel, a expliqué un général de l'US Army partie prenante de la coalition soutenant le gouvernement de Bagdad. Les troupes d'élite irakiennes ont repris environ un quart de la grande ville du nord de l'Irak mais leur progression connaît actuellement une pause en raison de la résistance opposée par les djihadistes. Plusieurs milliers de membres de la police fédérale ont été redéployés dans les faubourgs sud de la ville la semaine passée afin de renforcer le front oriental de l'offensive. Au total quelque 100.000 hommes participent à cette opération militaire lancée le 17 octobre, la plus importante depuis l'invasion du pays par l'armée américaine en 2003 pour renverser le régime de Saddam Hussein. "Il s'agit d'une remise à niveau opérationnel. Cela détermine les conditions d'une progression continue des ISF (les forces de sécurité irakiennes), leurs plans et leurs opérations pour libérer Mossoul", a précisé le général Matthew Isler de l'U.S. Air Force. Cette pause fait suite à 65 jours de d'offensive menée sur un tempo opérationnel constamment élevé, a expliqué l'officier. Cela va permettre la remise en état de véhicules, un réapprovisionnement en munitions et la préparation des troupes pour la prochaine phase. Si les combats sont à l'arrêt l'activité dans les rangs de l'armée irakienne est intense et l'offensive devrait reprendre prochainement avec, toujours, comme fer de lance les ISF. BILANS INCONNUS Les unités de l'antiterrorisme (CTS), qui ont assumé la plupart des batailles d'importance depuis la déroute de l'armée et de la police irakiennes devant l'avancée des djihadistes en 2014, continuent elles de grappiller du terrain dans Mossoul. Leur progression est malgré tout la plus lente constatée depuis le début de l'offensive contre le fief de l'EI. Les forces armées irakiennes ne fournissent pas d'estimation de leurs pertes humaines mais des inquiétudes commencent à s'exprimer quant au nombre de tués dans les rangs des CTS. "Ce qui compte vraiment dans une campagne, c'est la progression dans le temps. Chaque jour est différent et présente des défis uniques. Ce qui signifie qu'il faut soutenir vos troupes chaque jour et face à chaque défi", a ajouté le général Isler. Les gains enregistrés par les CTS sur le front oriental de la ville sont minimes au point que la cellule communication de l'armée irakienne, d'habitude prompte à enjoliver les choses, s'est contentée d'un lapidaire : "pas de changement sur l'ensemble des axes". Les restrictions imposées par les autorités irakiennes à la presse étrangère dans l'accès aux zones militaires rendent difficiles une évaluation indépendante et précise de la situation. "Personne ne peut nier que l'élan est du côté de l'Irak. La défaite de l'EI est inévitable. Même Daech le sait, ils ne se battent pas pour triompher, ils essaient juste de gagner du temps", a précisé Isler. (Pierre Sérisier pour le service français)