Patron de Stellantis, Carlos Tavares va gagner jusqu’à 36 millions d’euros, le PS veut légiférer - INTERVIEW

La rémunération de Carlos Tavares, photographié ici en janvier 2024, pourrait atteindre 36 millions d’euros pour l’année 2023.
REMO CASILLI / REUTERS La rémunération de Carlos Tavares, photographié ici en janvier 2024, pourrait atteindre 36 millions d’euros pour l’année 2023.

POLITIQUE - « Faites une loi ». Les mots de Carlos Tavares ont fait mouche. Interrogé, ce mardi 16 avril, quelques heures avant que sa rémunération ne soit approuvée par les actionnaires, sur son salaire controversé à huit chiffres - 36,5 millions d’euros - le directeur général du groupe automobile Stellantis assume. « Si vous estimez que ce n’est pas acceptable, faites une loi et modifiez la loi et je la respecterai », a-t-il certifié.

Carlos Tavares, DG de Stellantis, devrait avoir un salaire de 36 millions d’euros : d’où vient ce montant ?

Il n’en fallait pas plus pour que la gauche réagisse et prenne le patron au mot. « Chiche monsieur Tavares : je dépose aujourd’hui une proposition de loi pour fixer un salaire maximum dans les entreprises » s’est empressé de tweeter le député insoumis Matthias Tavel.

Mais en 2020 déjà, le groupe socialiste à l’Assemblée avait déposé une proposition en ce sens. Porte-parole du groupe PS, Arthur Delaporte veut remettre ce texte sur le haut de la pile du palais Bourbon.

Le HuffPost. Que répondez-vous à Carlos Tavares qui dit en substance « si mon salaire vous choque, faites une loi » ?

Arthur Delaporte. Je réponds que cette proposition de loi existe déjà. Elle a été discutée et rejetée par la majorité présidentielle en 2021. C’est pour cette raison que nous la redéposons aujourd’hui, sous une forme améliorée grâce aux incitations de monsieur Tavares et aux engagements d’Emmanuel Macron. Lui-même avait déclaré « c’est choquant, c’est excessif », lors de la campagne présidentielle, le 15 avril 2022.

Jusqu’à quel montant estimez-vous que la rémunération de Carlos Tavares serait acceptable ?

Dans notre proposition de loi, nous disons qu’une rémunération maximale acceptable est égale à pas plus de 20 fois le SMIC, et même dans l’idéal pas plus de 12 fois le salaire le plus bas dans l’entreprise. On ne devrait pas pouvoir gagner en un mois plus ce qu’un autre salarié de la même entreprise gagne en un an. Dès le Ve siècle, Platon évoquait « les limites acceptables à la pauvreté » et proposait de limiter les écarts de salaire de 1 à 4.

Pour Carlos Tavares, ça ferait environ 21 200 euros par mois. Vous ne pensez pas qu’un dirigeant qui réussit peut mériter plus ?

Quand on compare le salaire de Tavares avec ceux d’autres grands dirigeants qui réussissent on voit bien qu’il y a quelque chose d’indécent. Par ailleurs, le secteur automobile est extrêmement subventionné par l’État. On tente de faire croire à tout le monde que la réussite de Stellantis est liée uniquement à la personnalité, au charisme et à l’esprit visionnaire de son dirigeant, alors que cette réussite s’appuie sur le collectif.

LFI a déposé aujourd’hui une proposition de loi qui va dans le même sens que la vôtre, pourquoi ne pas avoir déposé un texte en commun ?

Je n’ai pas vu le texte des Insoumis. Nous, nous repartons de notre texte de 2021 que l’on a complété. Si l’un de ces textes, le nôtre ou le leur, est mis à l’ordre du jour prochainement, on le soutiendra. Nous n’avons pas attendu le scandale actuel pour appeler, avec d’autres, à la modération salariale.

Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste, est aussi favorable à une loi pour limiter les salaires, ce sujet remet-il finalement les membres de la NUPES d’accord ?

C’est, en effet, un sujet de consensus à gauche. Ce qui compte ce n’est pas le nombre de signataires mais qui vote à la fin. C’est le moment pour les députés de la majorité présidentielle de prendre leur responsabilité.

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