Le patron de la SNCF Jean-Pierre Farandou défend au Sénat l’accord sur les retraites malgré l’annonce de son départ

Jean-Pierre Farandou a été auditionné au Sénat ce mardi 7 mai.
Caputre écran Sénat Jean-Pierre Farandou a été auditionné au Sénat ce mardi 7 mai.

POLITIQUE - Sans regret. Le patron de la SNCF a été auditionné ce mardi 7 mai au Sénat, quelques heures seulement après l’annonce de son départ au terme des Jeux olympiques. Le gouvernement a en effet décidé de ne pas reconduire celui qui est président du groupe depuis 2019 pour un second mandat. Une décision qui intervient après un accord sur les fins de carrière qui avait fait polémique, mais que Jean-Pierre Farandou a vertement défendu devant les sénateurs.

Face aux prix du train qui grimpent, le patron de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, se défend

« On ne peut pas transformer contre ses salariés une entreprise publique de 150 000 cheminots à forte culture maison », a notamment assuré Jean-Pierre Farandou ce mardi après-midi, laissant poindre une certaine colère devant les sénateurs.

« J’ai entendu les doutes et les critiques, a déclaré le patron de la SNCF. Ma conviction, et j’espère pouvoir vous la transférer, c’est que c’est un bon accord qui ne contourne pas la loi sur les retraites, qui est dans les pratiques des grandes entreprises publiques et privées. Son coût est raisonnable avec de vrais bénéfices pour l’entreprise : il ne coûtera rien, ni aux contribuables, ni aux clients, ni aux caisses de retraite, il existait depuis 2008 et sa renégociation a été initiée à la demande des pouvoirs publics et conduite en responsabilité et en transparence », a dans un premier temps détaillé Jean-Pierre Farandou, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessous.

L’accord signé avec les syndicats doit permettre aux cheminots de cesser leur activité avant l’âge légal de départ en retraite à taux plein, avec plus d’un an non travaillé et rémunéré à 75 % selon les catégories. Bruno Le Maire avait convoqué le patron de la SNCF dans la foulée de la signature de l’accord et dénoncé un « dysfonctionnement ».

Des sénateurs fustigent un départ « brutal »

Face aux accusations du gouvernement d’avoir manœuvré dans l’ombre, le patron de la SNCF a également insisté sur le fait que le processus ayant mené jusqu’à l’accord était « transparent » puisqu’il en avait même parlé dans une interview au Monde en février dernier. Il y déclarait effectivement vouloir « consacrer aux fins de carrière et à la cessation progressive d’activité » le dernier volet d’une « plateforme de progrès social » visant à échanger avec les syndicats sur différentes thématiques.

Jean-Pierre Farandou a par ailleurs chiffré cet accord à 35 millions d’euros devant les sénateurs : « Je m’engage, devant vous, à compenser le coût, sans le répercuter sur le prix des billets et à préserver les marges de l’entreprise. Il ne coûtera rien aux contribuables », a-t-il insisté, ajoutant que les plans prévisionnels de l’entreprise lui font dire qu’il peut financer cet accord « dans la durée ».

L’audition de Jean-Pierre Farandou avait été décidée fin avril, avant l’annonce de son départ. Or maintenant que celui-ci a été communiqué, certains sénateurs ont profité de l’occasion pour critiquer la décision du gouvernement. À l’image de l’élu LR de Vendée Didier Mandelli qui a qualifié l’annonce de « brutale » : « La politique du fusible, du bouc émissaire pour moi c’est limite, et elles sont franchies aujourd’hui », a-t-il considéré.

« Du très bon travail, mais... », pour Bruno Le Maire

Le président de la commission n’a également pas mâché ses mots. « C’est abominable de la part du gouvernement de ne pas assumer ses décisions », a soutenu Jean-François Longeot sous les applaudissements des sénateurs. L’élu centriste a qualifié la décision de « déplorable » mise en œuvre par une méthode « épouvantable ».

Jean-Pierre Farandou, lui, a plusieurs fois exprimé le souhait de poursuivre pour un second mandat à la tête de la SNCF. En raison de son âge, il aurait néanmoins dû quitter ses fonctions quoi qu’il arrive en juillet 2025, en atteignant les 68 ans. La décision de ne pas reconduire M. Farandou découle d’ailleurs de cette limite d’âge, a assuré le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. « Jean-Pierre Farandou a fait un très bon travail à la tête de la SNCF », a-t-il souligné, mais « je ne retire pas un mot de ce que j’ai dit sur cet accord et j’ai besoin de savoir comment on peut le financer sans que cela ne pénalise ni le client, ni le contribuable », a répété le ministre.

Au cours de son passage à la tête de l’entreprise, Jean-Pierre Farandou a ramené les comptes dans le vert avec un bénéfice historique de 2,4 milliards d’euros en 2022, puis à nouveau 1,3 milliard en 2023, permettant de financer de nombreux investissements, à commencer par la régénération du réseau et l’achat de nouveaux trains comme les fameux TGV M, attendus pour le second semestre 2025.

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