Le patron du Festival de Cannes ne ferme pas la porte aux cinéastes accusés de violences sexuelles

Interviewé par "Variety", Thierry Frémaux invoque la présomption d’innocence et estime que le Festival de Cannes ne doit pas "se substituer à la justice".

Le Festival de Cannes se tient, cette année, du 14 au 25 mai. (Photo d’illustration)

CINÉMA - Le #MeToo du cinéma français n’aura sans doute pas lieu au Festival de Cannes. Ce jeudi 4 avril, son patron Thierry Frémeaux a donné une interview au magazine Variety, dans laquelle il a notamment été interrogé sur son choix de sélectionner (ou non) les cinéastes actuellement accusés de violences sexuelles.

Le film d’ouverture du 77e Festival de Cannes est le nouveau Quentin Dupieux avec Raphaël Quenard

« Il y a une réflexion en cours sur ce sujet en France, répond-il. Le réalisateur étant le premier responsable d’un film, cela a mis l’accent sur ’l’auteur du film’ au cours des cinquante dernières années. Mais un film, c’est aussi une œuvre collective. Des dizaines de personnes permettent à un film d’exister et de se développer. »

Le délégué général du Festival de Cannes s’interroge : « Faut-il parce qu’un membre d’un groupe fait l’objet d’une accusation, pénaliser tout le groupe ? Pénaliser un film qui a réuni des artistes, des producteurs et des membres de l’équipe ? »

D’après Thierry Frémeaux, un festival peut faire beaucoup de choses, « mais il ne doit pas se substituer à la justice », pointant du doigt l’écho donné aux accusations et aux enquêtes policières sur les réseaux sociaux et dans la presse. À Variety, il ajoute : « La présomption d’innocence reste une valeur fondamentale, tout comme l’attention que nous devons porter aux témoignages des victimes. »

Un point de vue qui n’est pas beaucoup différent de celui qu’il avait déjà donné l’an passé au magazine quand, interrogé sur la potentielle présence de Roman Polanski et Woody Allen, il avait indiqué que le festival se positionnerait « en fonction de la situation ».

#MeToo en France

En France, le sujet des violences sexuelles dans l’industrie du cinéma est depuis de longues années pointé du doigt, notamment grâce à Adèle Haenel et Judith Godrèche, plus récemment. Et malgré ça, la vague #MeToo peine encore à envahir toutes les consciences dans le septième art français, déplorent les associations féministes.

Thierry Frémeaux, lui, pense l’inverse. « Nous sommes toujours à l’écoute et restons extrêmement attentifs à ce qui se passe aujourd’hui pour mesurer le passé, qui semble aujourd’hui extrêmement troublé. L’émoi de la jeune génération est fort. La prise de conscience collective est permanente. En France, le monde du cinéma est à la pointe du débat, estime-t-il. Avant de nuancer : Mais ne croyons pas que le reste de la société n’a pas à s’interroger. »

Qui doit-on s’attendre à voir sur le tapis rouge ? Johnny Depp sera-t-il de retour ? L’acteur hollywoodien, reconnu coupable de diffamation (comme son ex-épouse Amber Heard) est pressenti pour venir présenter son premier film en tant que réalisateur, un biopic sur le peintre Amedeo Modigliani. La réponse : jeudi 11 avril, date de l’officialisation de la programmation de ce 77e Festival de Cannes.

À voir également sur Le HuffPost :

  

Festival de Cannes 2024 : Mad Max « Furiosa » projeté neuf ans après « Fury Road »

Festival de Cannes 2024 : Greta Gerwig, la réalisatrice de « Barbie », présidera le jury